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LE MANAGER AGILE, par Jérôme BARRAND, aux éditions DUNOD ****

Manager agileL’agilité est à l’entreprise ce que l’eau est à la terre! Quand on vit dans un climat tempéré et pluvieux, on a tendance à ne pas se rendre compte de la valeur de ce liquide vital et à le gaspiller abondamment. Par contre, lorsque le climat est plus rude et que cette ressource devient limitée, on redouble d’efforts pour l’économiser et pour réagir rapidement aux évolutions météorologiques afin de ne pas perdre les gouttes de pluie qui feront éclore les semences.

Notre économie est entrée dans cette phase de finitude des ressources et nous en avons pris conscience. C’est pourquoi nous parlons tant d’agilité et de lean, afin d’exploiter au mieux chaque ressource disponible en limitant tout gaspillage inutile.

Jérôme BARRAND nous explique également que nous sommes passés d’un monde de règles et de conventions à un monde de changement permanent dans lequel nous jouissons d’une liberté et d’une autonomie inégalée. De plus, nous vivons dans une période de révolution informationnelle dont les répliques ne sont pas encore terminées et dont l’équilibre n’est pas encore rétabli.

C’est dans ce contexte que l’agilité est devenue l’un des grands thèmes de la gestion d’entreprise. Et c’est justement l’objectif de cet ouvrage passionnant que d’expliquer au manager comment instaurer une réelle culture d’agilité dans son entreprise et quelle posture adopter dans cet environnement instable.

En amorçant les premières pages de ce livre, vous découvrirez l’étonnante métaphore de Tarzan qui développe des facultés d’agilités surprenantes pour s’adapter à la vie de la jungle, jonchée de dangers et d’embûches. Le parallèle avec la vie d’entreprise est tout simplement génial! Mais par respect envers l’auteur, je laisse découvrir cela à ceux qui se donneront la peine d’acheter ce livre. Je vous avoue tout-de-même prendre un grand plaisir à me mettre à la place de cet illustre personnage dans le cadre de mes activités professionnelles. Cela permet de dédramatiser les problèmes et de réfléchir de manière différente pour trouver des solutions de survie inédites. Soyons donc des Tarzan dans la jungle de nos entreprises!

Pour revenir à notre auteur, il démontre que notre société évolue vers le domaine du « complexe » et de l’augmentation de la rapidité et de l’échange d’information. Cela marque la disparition programmée des managers qui pensent pouvoir gérer totalement leur environnement avec des idées et des ordres simplistes. Mais aujourd’hui le manager ne peut plus résoudre à lui tout seul les problèmes de son organisation. C’est devenu l’apanage de toutes les parties prenantes de l’entreprise qui doivent pouvoir collaborer ensemble pour les résoudre de manière efficiente.

Le manager qui cherche à maîtriser seul l’intégralité de son environnement condamne indéniablement l’entreprise à avancer à son propre rythme. Et quelque-soit les compétences du manager, ce sera toujours bien trop lent et trop limitatif pour l’organisation tout entière. Et même si certains outils permettent de mieux gérer ce flux continu d’information, il vaut mieux avoir l’intelligence de déléguer son pouvoir afin que l’organisation puisse traiter rapidement et efficacement les questions qui surviennent, de manière fluide et décentralisée.

Pour soutenir cette évolution, le manager doit évoluer vers un profil de « leader-coach » sachant créer et maintenir une dynamique vertueuse d’échange. Mais cette transition implique une perte de pouvoir hiérarchique, ce qui est difficilement acceptable pour ceux qui y ont déjà goûté et qui s’y accrochent. Il va donc falloir faire place à des profils moins égoïstes capables d’accepter la mise en danger de leur propre statut.

Dans ce contexte, le manager agile doit savoir :

  • anticiper ;
  • faciliter l’échange d’information ;
  • revoir son plan tactique à tout moment ;
  • instaurer une culture client ;
  • créer et défaire les alliances stratégiques au moment opportun ;
  • s’entourer des bons collaborateurs ;
  • mettre en valeur ses collaborateurs ;
  • mettre en valeur ses produits ;
  • mettre en valeur les activités de son équipe ;
  • se montrer empathique ;
  • donner du feedback ;
  • développer les compétences et l’autonomie de ses collaborateurs ;
  • créer une logique de confiance ;
  • donner du sens aux travail ;
  • expliquer la vision et la finalité de son entité ;
  • se montrer exemplaire et cohérent ;
  • mesurer les conséquences de ses actes.

L’auteur résume cela en quatre règles principales définissant le manager agile:

  • Être le leader de l’ouverture ;
  • Être un décideur éclairé ;
  • Prôner la délégation de responsabilité ;
  • Être un compilateur des résultats et un fin gestionnaire.

Cet ouvrage m’a finalement permis de supprimer deux slogans de mon vocable, dont leur usage me posaient de réels problèmes « philosophiques ». En effet, la logique guerrière « gagnant-perdant » et la logique matérialiste « gagnant-gagnant » ne reflétaient plus la réalité dans laquelle j’évolue actuellement, où, pour pouvoir mener les projets à leurs termes et pour assurer un positionnement durables de ses produits/services sur le marché, de nombreux compromis doivent être acceptés entre les différentes parties prenantes impliquées. Pour répondre à cette évolution, l’auteur parle de logique réciproque dite « satisfait-satisfait ». Telle est la manière de gérer la complexité et l’imprévisible, en respectant toutes les parties prenantes, sans fausses promesses et sans arrogance inutile.

Et pour ce qui concerne les points négatifs de cet ouvrage, je citerais l’usage abusif de termes savants inventés pour soutenir la démarche. Au final, cela a ralenti ma lecture et complexifié ma compréhension. Je n’ai également pas approuvé la critique faite envers le reporting. De mon point de vue, le reporting est impératif pour permettre d’améliorer la performance de son organisation sur la base de données chiffrées. Je pense que le coupable a mal été identifié.

Malgré ces petits bémols, je recommande cet ouvrage à tous ceux qui souhaitent développer leurs facultés « agiles » pour en faire bénéficier leurs équipes et leurs entreprises.