INDUSTRIE 4.0 : LA QUATRIÈME RÉVOLUTION INDUSTRIELLE EST EN MARCHE !
Il est temps de parler du concept de l’Industrie 4.0 dans ce blog dédié à l’évolution de l’entreprise. Loin d’être un simple « buzzword », l’Industrie 4.0 fait référence à la 4ème révolution industrielle dans laquelle notre société est entrée depuis quelques années déjà.
Si nous ne saisissons que partiellement les bouleversements qui s’opèrent autour de nous et qui vont prochainement déferler sur notre société, l’histoire les relatera certainement comme étant une évolution fulgurante et brutale. La raison de la difficulté de perception de ce changement d’ère vient principalement du fait qu’elle repose sur des fondamentaux intangibles, car c’est une révolution numérique. Personne ne manifeste dans les rues, il n’y a pas de nouvelles machines sur nos routes, pas de mutation accélérée de nos entreprises, pas de disparition massive de d’emplois,… ou du moins pas pour l’instant. Car nous voyons déjà apparaître dans nos vies des robots intelligents, des assistants portables, des voitures et des drones autonomes, des services clients à intelligence artificielle, des traducteurs vocaux en temps réel,… pour n’en citer que quelques-uns.
En fait, cette révolution industrielle et sociétale est celle du « tout connecté », interfaçant les humains, les machines, les objets et les systèmes, sur la base des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC). Cette explosion de l’échange d’information permettra de piloter des usines en temps réel grâce à la collaboration entre l’intelligence artificielle et l’humain.
Notre monde sera donc digitalisé et automatisé, pour le meilleur et/ou pour le pire. Mais comme la nature donne toujours un avantage aux systèmes complexes et adaptables, il est vain de lutter contre cette évolution naturelle. Il est préférable de chercher à la comprendre afin de l’influencer dans une direction bénéfique pour l’être humain. Et il faut rapidement penser à ce que vont devenir nos places de travail et notre qualité de vie. Sans compter que cette évolution technologique entre en parfaite résonnance avec une seconde transformation majeure de notre économie qui facilite drastiquement l’échange commercial et le transport international: la mondialisation. Il s’agit en fait d’un cocktail « explosif » qui aura des conséquences sociétales au moins aussi importantes que celles apportées par les derniers conflits mondiaux.
Mais avant d’entrer davantage dans cette réflexion, rappelons tout-de-même qu’elles ont été les précédentes révolutions industrielles illustrées sur l’image figurant en entête de cet article. La première fait référence à la mise au point de la machine à vapeur en 1763 par James Watt. La force musculaire a ainsi été remplacée par la force mécanique des machines, ce qui a permis l’éclosion des ateliers de production et le déplacement facilité des personnes et des marchandises par voie ferroviaire et maritime.
La seconde révolution industrielle est issue de l’usage de l’électricité dans les usines, ce qui a permis l’éclosion du travail à la chaine. Il a alors été possible de fabriquer de grandes quantités de biens matériels en série – à des prix accessibles à de plus en plus d’individus des différentes classes sociales – comme la fameuse Ford T dans les années 1908, grâce à la mise au point simultanée du moteur à explosion.
La troisième révolution est celle du transistor et de la naissance de l’informatique. Cette révolution est à l’origine des ordinateurs, des tablettes et autres smartphones qui sont maintenant en possession de chacun d’entre nous. Dans l’industrie, ce sont les automates programmables qui se sont diffusés à large échelle et qui ont permis d’atteindre un degré extrême de performance et de vitesse dans les processus industriels.
La quatrième et dernière révolution industrielle démultiplie les effets des innovations précédentes en interconnectant tous les systèmes entre eux, au travers de réseaux de communication locaux et mondiaux comme l’Internet, le 3G/4G, le WiFi, le Bluetooth ou encore l’Ethernet. Au niveau sociétal, rappelons que c’est la mise en relation des individus qui a généré l’intelligence collective humaine nous ayant porté au sommet de la pyramide alimentaire. Cette fois-ci, ce sera la collaboration avec les systèmes cyber-physiques et l’intelligence artificielle qui va asseoir notre position dominante, pour autant toutefois qu’ils ne prennent pas notre place. Ceci dit, même si un certain nombre d’êtres humains sont apeurés par une telle perspective, comme pour bien d’autres sujets d’ailleurs, il faut se rendre à l’évidence qu’il nous est impossible de lutter contre notre programmation génétique qui nous pousse au progrès et nous rend curieux de notre environnement et de notre futur.
La quatrième révolution industrielle est donc celle du cognitif, en opposition à la première révolution industrielle qui a été celle de la force physique.
Si certains pensent encore qu’il est exagéré de consacrer autant d’importance à cette révolution industrielle par rapport à toutes les précédentes inventions et évolutions de l’humanité – comme l’a été l’agriculture, la domestication des animaux, la poterie, la métallurgie, le textile, l’écriture, l’art ou encore les philosophies – il faut prendre conscience que toutes ces évolutions n’ont eu qu’un effet mineur sur la croissance de la population humaine même si elles représentent une étape et une base essentielle. En fait, la courbe exponentielle de l’évolution démographique se dresse au moment de la première révolution industrielle, lorsque la société a commencé à produire d’énormes quantités d’énergies.
Bien, mais quels seront les impacts concrets de cette quatrième révolution industrielle sur nos vies et sur nos industries ? Je tiens à dire, avant tout, qu’il ne faut pas la craindre puisque c’est la seule solution pour permettre à nos industries Européennes de rester compétitives dans le marché mondialisé, car notre parc industriel et notre main d’œuvre vieillissent rapidement. Il ne sera pas suffisant de faire venir des immigrés pour palier à ces manquements. Il faudra plutôt déléguer une grande partie des tâches pénibles et répétitives à des robots intelligents avec qui nous collaborerons. Un pan entier du concept de l’Industrie 4.0 est donc dévolu à la robotique et à l’automatisation des processus de fabrication. C’est dans ce contexte que le gouvernement allemand a lancé l’initiative « Industrie 4.0 » en 2011, copié ensuite par tous les pays industrialisés avec des noms de projets comme « Industrie 2025 » en Suisse ou « Smart Factory » aux USA.
Comme à l’ère de l’apparition des premières machines à vapeur et des premiers moteurs à explosion, ou encore des premiers ordinateurs, des postes de travail vont disparaître. C’est inévitable. Et ce seront les postes les plus routiniers et les moins qualifiés qui disparaîtront en premier, remplacés par des fonctions davantage réflexives et créatives, avec des personnes mieux qualifiées, sachant collaborer avec l’intelligence artificielle et les robots. La formation a donc un rôle crucial et urgent à jouer en préparant les prochaines générations à cette transformation sociétale.
En plus de cela, nos entreprises devront également s’adapter à la nouvelle donne énergétique, avec une production décentralisée et instable. Elles devront également se montrer agiles pour produire des biens à des performances maximales durant de courts laps de temps, ce d’autant plus que les batchs de production vont diminuer jusqu’à la fabrication unitaire. C’est inéluctable puisque les clients demandent maintenant des produits et des services sur mesure, habitué par l’offre des services digitaux qui répondent déjà à cette demande. Peut-être même que nous pourrons bientôt fabriquer nos biens personnalisés à la maison grâce aux imprimantes 3D, pour autant que les dernières barrières technologiques soient levées.
Que nos entreprises suisses ne ratent pas ce virage technologique et sociétal, ce d’autant plus que nous avons d’excellentes cartes en main pour jouer cette partie passionnante !
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