Archive for the ‘Industrie 4.0’ Category
OEE FOR THE PRODUCTION TEAM, par Arno KOCH, aux éditions Makigami *****

Il est temps que je partage ma passion liée au développement de services informatisés pour le pilotage des ateliers de production.
Dans ce cadre, je souhaite vous présenter un livre qui parle de l’OEE (Overall Equipement Effectiveness), traduit par TRG (Taux de Rendement Global) en français. Il s’agit d’une méthodologie permettant de mesurer la productivité d’un équipement industriel, en calculant un KPI (Key Performance Indicator) reflétant son efficacité d’usage. Cette méthode est utilisée par les plus grands groupes industriels comme outil d’amélioration et de questionnement (« What if… »).
L’OEE est un ratio entre les produits bons fabriqués et la quantité qu’il aurait été possible de fabriquer dans les conditions idéales. Il est subdivisé en trois paramètres distincts, dont le ratio de disponibilité de l’équipement, son degré de performance d’utilisation et le ratio de qualité d’unités produites. La multiplication de ces trois paramètres est égal au facteur de productivité OEE. Mais je vous laisse découvrir les secrets de cet outil puissant en lisant cet ouvrage de référence…
Notons que la théorie de l’OEE nous vient de Japon, plus précisément de Seiichi Nakajima, un fervent adepte de la TPM (Total Productive Maintenance) qui n’est autre qu’une démarche globale d’amélioration continue des ressources de production. Nous revoilà dans le monde du Lean, et plus précisément du Lean Manufacturing.
Pour en revenir au livre, autant dire que c’est la meilleure référence concernant la méthodologie de l’OEE. Simple et rapide à lire, pour autant que l’on aie des bases dans la langue de Shakespeare, il met l’accent sur ce qui est important et comment interpréter les différents ratios de manière pragmatique. Son auteur, Arno KOCH, est une référence en la matière. Ce hollandais est à l’origine de plusieurs ouvrages et sites webs mondialement reconnus.
Grâce à cet ouvrage, vous comprendrez non seulement la théorie de l’OEE, mais également quels sont les six grandes pertes de production, puis comment les différencier et les classifier logiquement. Vous saurez aussi comment les mesurer, les identifier et les supprimer. Pour répondre facilement à chaque perte de temps, l’OEE regarde l’usage de la machine du point de vue de cette dernière. Astucieux!
Cet ouvrage vous explique les limites de cette méthode, qui ne tient par exemple pas compte des notions financières (coût d’usage de l’équipement, nombre de ressources nécessaires pour le piloter, coût de la matière première,…). On ne mesure donc pas l’efficience du processus, mais bel et bien son efficacité.
L’auteur s’est donné la peine de nous offrir des exemples de calculs très bien documentés et très pertinents, compréhensibles tant par l’opérateur machine qualifié que par les ingénieurs devant développer des outils de support. C’est de bon augure, car un des buts initial de l’OEE est de pouvoir utiliser une même et unique référence à tous les étages de la hiérarchie, avec un langage simple et interprétable par tous.
Arno KOCH nous donne encore des conseils sur la manière de lire les données de production et de le mettre en forme. Il nous présente une marche à suivre pour mettre en œuvre cette pratique dans l’atelier de production. Vous saurez même comment il est possible de fausser l’interprétation de ce ratio et de l’utiliser à mauvais escient…
Pour terminer, ce livre parle également de la notion de « hidden machine », la « machine cachée », qui fait référence aux opportunités « cachées » d’amélioration de performance industrielle de l’atelier de production. A force d’améliorer la productivité de l’atelier, les économies réalisées atteindront le coût d’une machine de production. Les financiers apprécieront!
Petit bémol toutefois, il aurait été appréciable d’ajouter une bibliographie ainsi que quelques exemples d’interprétation de mesures de productivité pour des lignes de production composées de plusieurs machines.
Bonne lecture à tous les passionnés de productivité industrielle!
MÉDECINE AUGMENTÉE : ENTREPRISE AUGMENTÉE, par L. KIWI, X. COMTESSE, D. WALCH, A. GARBINATO, D. GENOUD, G. PAULETTO, G. RAMUZ, aux éditions G D’Encre ***

Une trentaine d’experts suisse romands du groupe « Manufacture Thinking » se sont associés pour réaliser ce magnifique ouvrage de réflexion concernant l’impact de l’intelligence artificielle sur notre société, en adressant une attention toute particulière aux domaines de la médecine et de l’entreprise.
Ce livre est le cinquième d’une série réalisée sous l’impulsion de la Chambre neuchâteloise du commerce et de l’industrie, dont le premier tome est consacré à l’histoire de la manufacture, le second à l’économie numérique, puis les suivants à l’usage et à la monétisation des données, à l’IoT, au Big Data et au Machine Learning. Ce dernier a la particularité de se découper en deux volets distincts qui se lisent respectivement du recto et du verso. La première moitié est consacrée à l’entreprise, mon domaine de prédilection, alors que la seconde est consacrée à l’impact de la digitalisation sur la médecine. Je pensais lire très rapidement cette seconde section dont le thème ne m’est pas particulièrement familier, mais à ma grande surprise, j’y ai trouvé une éloquente réflexion sur l’évolution de notre médecine, de ses pratiques et de ses coûts.
Les auteurs partent du postulat que l’IA offrira un système meilleur et moins coûteux à la collectivité. La promesse vaut la peine de s’y arrêter quelques instants, non ? Et la démonstration est tout-à-fait convaincante. On comprend ainsi pourquoi les GAFA se sont déclaré une guerre fratricide dans ce marché lucratif, en y investissant des milliards de dollars.
J’ai particulièrement apprécié l’argumentation concernant le changement de dimension du corps humain qui ne sera plus dépendant de son seul héritage génétique, mais également augmenté par des implants, des capteurs, des modifications génétiques et des « bots » s’activant tout autour de lui, améliorant aussi ses capacités cognitives.
Pour ce qui concerne l’entreprise augmentée, les précédents livres mentionnés dans ce blog traitent déjà abondamment de ce sujet. Mais vous trouverez ici une analyse pertinente conduite par des personnalités locales, transposant judicieusement ce sujet dans un contexte régional et global, en décrivant les opportunités et les risques de ces nouvelles technologies au service de la voiture autonome, des machines industrielles, des assistants personnels, des assurances, de la finance ou encore de l’organisation de nos villes, pour n’en citer que quelques-uns. A noter que les auteurs se sont donnés la peine de vulgariser le fonctionnement du « Machine Learning » supervisé et non-supervisé, en identifiant les étapes du processus d’apprentissage afin de permettre aux profanes que nous sommes de démystifier ce procédé souvent perçu comme étant « nébuleux » et « abstrait ».
Bref, comme à chaque fois que je lis un livre passionnant, intelligemment écrit et joliment confectionné, je ne peux m’empêcher de l’acheter et d’en recommander sa lecture!
COMPRENDRE LE DEEP LEARNING, par J.-C. HEUDIN, aux éditions SCIENCE-EBOOK **
Impossible de passer une journée sans entendre parler d’intelligence artificielle, de machine learning ou de deep learning. Que nous soyons fascinés par les promesses de cette discipline ou apeurés par ses risques sous-jacents, nous sommes souvent mal outillés pour juger de la pertinence des informations que nous recevons.
C’est pour cette raison que je recommande vivement la lecture de cet ouvrage pratique qui vous fera entrer dans le fonctionnement neuronal du cerveau humain via l’usage d’équations algébriques matricielles. Pas besoin d’être mathématicien pour suivre les démonstrations exposées dans ce livre, mais il faut quand même être réceptif au calcul algébrique. Ici se termine donc les fantasmes liés à cette technique de traitement des données de masse pour entrer dans le monde réel et pratique du machine learning et de son sous-ensemble, le deep learning.
Pour ma part, cette lecture pédagogique m’a permis de mieux comprendre les limites de la mise en œuvre de cette technologie dans le monde industriel dans lequel il est impératif de pouvoir reproduire les procédés de manière fiable, puis d’expliquer pourquoi et comment fonctionnent les automatismes. De plus, le nombre de données pertinentes et utilisables pour entraîner les systèmes apprenants est un véritable challenge dans cette industrie. Pensez au nombre réduit des machines identiques de la base installée, possédant les mêmes composants électroniques, avec les mêmes caractéristiques physiques, les mêmes versions firmware et les mêmes versions applicatives. Sans compter les éventuelles modifications effectuées par le client lui-même. Bref, les promesses sont attrayantes, certes, mais le chemin de l’industriel est encore long avant de pouvoir rentabiliser les investissements nécessaires.
Si je ne suis évidemment pas devenu un expert du deep learning par la simple lecture de ce livre, je comprends toutefois beaucoup mieux pourquoi je ne le serai jamais ! En effet, bien que ce sujet soit très tendance et présenté souvent de manière extrêmement séduisante, au travers de quelques succès retentissants dans des domaines bien précis, il faut avouer que cela reste une discipline d’alchimistes mathématiciens qui s’exaltent avec des nombres, des matrices, des calculs d’erreurs et des paramètres d’ajustements.
Bien, c’est maintenant à vous de décider si vous souhaitez vous lancer dans la création et dans l’entraînement de votre premier réseau de neurones en Javascript. Allez, bon voyage !
LA QUATRIÈME RÉVOLUTION INDUSTRIELLE, par K. SCHWAB, aux éditions DUNOD ***
Voici une livre qui offre un regard holistique sur la quatrième révolution industrielle. Il pourrait d’ailleurs s’appeler « Réflexion sur l’évolution de nos sociétés ultra-connectées et ultra-médiatisées ».
Ce qui rend cet ouvrage singulier, c’est que l’auteur n’est autre que Klaus Schwab, le fondateur du World Economic Forum de Davos. Grâce à son expertise économique avérée, il nous offre une analyse pertinente des bouleversements actuels et futurs, en tenant compte des enjeux sociétaux, économiques, politiques et culturels. De plus, sa formation d’ingénieur lui permet de maîtriser également les aspects technologiques qui sont à l’origine de cette révolution.
J’ai particulièrement apprécié le discours réaliste et équilibré de Klaus Schwab qui contrebalance équitablement les avantages et les risques de la digitalisation de notre société. Si son tempérament optimiste le pousse à mettre en avant les gains que cela va apporter sur la pénibilité du travail, il n’occulte toutefois pas les risques de segmentation de la population entre les individus bien formés possédant le capital, et ceux qui sont moins bien formés et qui comptent uniquement sur le revenu de leur travail.
Comme il le mentionne très justement, des milliards d’individus n’ont pas encore accès aux services et aux équipements de la première révolution industrielle, comme l’électricité, l’eau et l’assainissement. Tous les pays ne vont donc pas profiter de cette évolution de manière équivalente, même si certains d’entre eux pourront tout-de-même bénéficier de quelques sauts technologiques rapides comme c’est le cas avec la communication téléphonique sans fil.
Si l’auteur croit au bienfait du progrès pour améliorer la condition humaine, il admet que ce sont bel et bien les pays industrialisés qui récolteront les principaux fruits mûrs par leur capacité à maîtriser et à investir massivement dans ces nouvelles technologies.
Klaus Schwab s’interroge également sur les métiers à risques et ceux qui devraient se développer grâce à l’arrivée de l’automatisation à outrance et à l’utilisation de l’intelligence artificielle. Ce point mérite réflexion, car ce ne sont pas uniquement les caissières du supermarché d’à côté qui sont concernées par cette évolution. Les radiologues, les avocats, les médecins, les assureurs ou encore les journalistes sont également menacés par ces changements, car leurs tâches répétitives et spécialisées peuvent parfaitement être réalisées par une intelligence artificielle automatisée.
Plus problématique encore sont ces nouvelles plateformes qui nous offrent presque gratuitement des services qui nous facilitent grandement la vie, comme c’est le cas avec Uber et Airbnb. A premier abord, ces services sont bénéfiques pour les utilisateurs. Mais comment comptabiliser leur impact sur le travail et sur la précarisation des travailleurs qui se mettent à leur propre compte pour offrir leurs services à faible valeur ajoutée ? Et quel est l’impact de ces modèles d’affaires sur le PIB ?
Je m’associe bien volontiers à la conclusion de Klaus Schwab, qui nous demande de nous impliquer dans cette transformation sociétale pour influencer son évolution dans le sens que nous désirons, en impliquant toutes les parties prenantes, plutôt que refuser de la voir en face pour ensuite en subir les conséquences négatives. C’est d’ailleurs le but de ce livre qui nous fourni un grand nombre d’éléments de réflexion dans les thèmes sociétaux, économiques, technologiques, mais également au niveau des rapports humains, de la gestion des Etats et de la sécurité internationale.
Concernant les entreprises, le motto actuel n’est autre que « adapte toi vite ou meurt ! ». Pour répondre à ce changement de paradigme et à ces bouleversements complexes et interdépendants, nos entreprises doivent mettre en place des hiérarchies flexibles, des organisations capables de maîtriser leur écosystème évolutif, des veilles actives aptes à prévenir les disruptions commerciales, des stratégies innovantes pour attirer et garder les talents et encore des tactiques sophistiquées pour valoriser et entretenir la confiance des partenaires stratégiques. Il faut être très attentif à tout cela, car comme nous le voyons dans la capitalisation des grandes entreprises actuelles, il semble que les gagnants raflent tout!
IoT, L’ÉMANCIPATION DES OBJETS, par F. NÉMETI, G. PAULETTO, D. DUAY ET X. COMTESSE, aux éditions G D’ENCRE ***
Je tiens à recommander la lecture de cet ouvrage pour deux raisons. La première, c’est qu’il s’agit d’un livre rédigé et imprimé localement, estampillé d’un label Suisse romand. La seconde, c’est en raison de son contenu riche en information, transcrivant tout ce qu’il est nécessaire de savoir sur la thématique de l’IoT (Internet of Things en anglais, soit Internet des Objets en français). C’est le livre idéal pour l’entrepreneur qui souhaite maîtriser rapidement les fondamentaux de cette thématique, avec la mise à disposition d’une feuille de route pertinente pour l’accompagner dans la transformation de son organisation.
Ce livre est en fait le quatrième opus d’une série dédiée à l’évolution de la manufacture, aux leviers de croissance offerts par l’ère du numérique, à la compréhension du pouvoir des data et finalement à l’émergence de l’Internet des Objets.
Pour ceux qui ne le savent pas encore, l’IoT fait référence à ce que nous voyons se développer tout autour de nous, avec des objets connectés qui exécutent des tâches de plus en plus complexes et intelligentes. Les objets peuvent être connectés à travers Internet, via des plateformes informatiques distantes, mais également reliés directement entre eux par des connections filaires ou hertziennes.
L’objet connecté de référence n’est autre que notre smartphone qui embarque un grand nombre de capteurs et d’interfaces, capable d’effectuer lui-même une quantité incalculable de fonctions et de services. Mais bien plus largement, chaque objet de notre monde actuel est en train d’être évalué pour savoir comment il pourrait générer davantage de valeur en lui ajoutant des fonctionnalités connectées. C’est le cas des voitures, des téléviseurs, des machines à café, des machines à laver, des réfrigérateurs, des lunettes ou encore des montres, pour n’en citer qu’une petite partie. On parle en fait de plusieurs dizaines de milliards d’objets qui seront connectés dans un horizon de quelques années seulement. Mieux vaut donc se préparer à cette déferlante annoncée!
En fait, nous avons affaire à un progrès technologique majeur qui est en train de modifier considérablement nos habitudes de vie, tout comme l’a fait l’électricité, l’automobile, la télévision ou encore l’informatique.
Même si les idées les plus folles peuvent être maintenant réalisées, ce sont bien les innovations qui apporteront une réelle plus-value qui résisteront au verdict des usagers qui souhaitent se faciliter la vie et se débarrasser des tâches répétitives.
Si certains objets sont en interaction directe avec l’homme, la plus grande partie des objets communiqueront directement entre eux, échappant ainsi à notre attention. Cet échange inter-objet représentera même la plus grande consommation de données qui transitera dans les airs et dans les réseaux câblés.
Dans ce livre, vous comprendrez non seulement les enjeux de cette transformation digitale qui s’oriente vers un monde totalement connecté, mais vous recevrez également un excellent aperçu des briques technologiques qui le compose, comme le fonctionnement et l’utilité des capteurs, des réseaux, des données, des plateformes cloud, de l’intelligence artificielle, du blockchain ou encore du big data. Vous y trouverez encore des comparatifs entre les différentes technologies existantes et les principaux acteurs de ce secteur d’activités, sans oublier de se référer à ce qui se passe de l’autre côté des océans Atlantique et Pacifique.
Naturellement, le domaine de la santé est largement abordé dans cet ouvrage puisqu’il touche à la fois un élément central de nos préoccupations vitales et un pan entier de notre économie qui va être bouleversé par la déferlante de l’IoT. En effet, une médecine largement automatisée se profile devant nous avec l’utilisation de l’intelligence artificielle pour traiter des milliards de données issues à la fois des patients et des bases de connaissance mondiales. Cette intelligence sera capable de fournir des diagnostics quasi instantanés depuis n’importe quel endroit de la planète et à n’importe quel moment. Les données nécessaires au bon fonctionnement de cette médecine complémentaire seront abondamment complétées par celles qui proviendront de nos bracelets connectés et des capteurs qui se logeront progressivement dans notre corps.
Ne se contentant pas de décrire et d’expliquer ce que nous pourrions constater par nous-mêmes, les auteurs de ce remarquable ouvrage nous font part de leurs prédictions concernant l’évolution de ce monde connecté. Ils se positionnent sur le devenir de la montre connectée, des vêtements connectés, de la réalité augmentée et virtuelle, du développement des smart cities, de la voiture connectée, des bots ou encore de la disparition annoncée des serrures. C’est un voyage qu’il vaut la peine de partager avec eux et durant lequel j’ai souvent reconnu la griffe de X. COMTESSE qui n’est pas à son premier coup d’essai dans ce thème qu’il maitrise à la perfection.
Bref, vous l’aurez compris, l’innovateur suisse romand que vous êtes se doit d’habiller sa bibliothèque de ce bel ouvrage!
MAKERS, LA NOUVELLE RÉVOLUTION INDUSTRIELLE, par CH. ANDERSON, aux éditions PEARSON ***
Derrière le mouvement Makers se cache la seconde vague de la révolution digitale qui s’approche de nous à grande vitesse, en charriant les bouleversements du monde de l’informatique vers celui du monde des biens matériels.
Ce transbordement des pratiques du bit vers celui de l’atome aura un impact colossal sur notre société, puisque l’économie tangible est cinq fois plus grande que celle de l’intangible.
Ce phénomène est rendu possible par la combinaison de deux éléments. Le premier est la capacité de représenter des objets par des fichiers informatiques contenant toutes les caractéristiques intrinsèques de l’objet, alors que le second est relatif à l’accessibilité des machines de fabrication additive qui permettent à tout un chacun de confectionner un objet à partir d’un fichier informatique.
Chris Anderson, auteur de cet ouvrage captivant et rédacteur en chef du fameux magazine Wired, prédit que « […] fabriquer des objets, chez soi comme à son bureau, va rapidement devenir aussi courant que de retoucher des photos… ». Il relève que l’impression 3D est actuellement au stade de l’imprimante matricielle des années 80 et que son évolution sera tout aussi fulgurante, avec une qualité d’impression comparable à ce que nos imprimantes papier sont actuellement capables de faire. D’ailleurs, les grands groupes internationaux s’y préparent en attendant patiemment la démocratisation de ce moyen de production avant de pouvoir inonder le marché de leurs équipements à bas prix, répliquant le modèle d’affaires des imprimantes laser et à jet d’encre actuelles.
Mais pourquoi parler des Makers dans cette évolution sociétale? Et bien parce que ces pionniers – passionnés de nouvelles technologies – contribuent fortement à l’accélération de cette transition numérique en investissant une grande partie de leur temps libre pour découvrir, tester et mettre au point de nouvelles technologies et pratiques. Les Makers d’aujourd’hui sont, en fait, les héritiers des inventeurs et des bricoleurs d’hier, disposant toutefois d’un terrain de jeux élargi grâce aux capacités collaboratives de l’Internet et grâce à l’accès facilité aux hautes technologies de fabrication numérique qui sont maintenant devenues accessibles à tous.
Par cette évolution technologique, la capacité de produire des biens pourra revenir en partie dans les mains des particuliers et ne restera pas uniquement dans celles des grandes familles d’industriels. C’est ainsi que les barrières de production et de commercialisation des biens physiques diminueront pour ouvrir le marché à de plus en plus d’acteurs. Mais attention, il ne faut pas croire que la fabrication de masse va disparaître! En plus d’être totalement irréaliste, cela serait préjudiciable puisque la production de masse a pour effet d’abaisser le prix des biens communs et de les rendre accessibles au plus grand nombre. Sans compter que la production de masse apporte une amélioration continue de la qualité des produits et de la chaine d’approvisionnement, en limitant les défauts et les rebus.
Néanmoins, produire soi-même ses biens permet de les rendre uniques et adaptés nos besoins personnels. Notre implication dans la fabrication de nos objets contribue même à nous rendre davantage soigneux et respectueux, nous incitant à les garder plus longtemps, développant ainsi une attitude écoresponsable digne de notre époque.
Demain, nous fabriquerons donc nous-même ce que l’on ne pourra pas trouver au super marché, mais continuerons de nous y rendre pour y acheter les produits communs.
Dans ce livre, Chris Anderson ne se contente pas de décrire les principes théoriques du mouvement Makers et de la révolution industrielle qui nous traverse. Il nous donne également des exemples concrets de création de nouveaux modèles d’affaires et nous explique de manière détaillée quels outils technologiques supportent cette évolution. L’auteur défend aussi les vertus de l’open source qui fait partie intégrante de l’esprit Makers et qui consiste à donner librement son savoir dans l’espoir d’en obtenir davantage en retour. Avec l’open source, on peut certes se faire copier plus vite – puisque tout ce que nous faisons est publié – mais en contre partie on peut innover beaucoup plus rapidement puisque nous recevons de l’aide gratuite et pertinente de la part d’un très grand nombre de personnes dévouées et compétentes. L’élément commercial différenciateur étant le service et la communauté d’utilisateurs que l’on pourra créer autour du produit que l’on propose.
Voilà, c’est maintenant à votre tour de vous lancer dans cette lecture passionnante qui vous ouvrira l’esprit sur les possibilités de la révolution technologique et numérique dans laquelle notre société s’est engagée. Prenons notre avenir en main et devenons tous des Makers!
LA RÉVOLUTION INDUSTRIELLE, 1770-1880, par J.-P. RIOUX, aux éditions du Seuil ***
Il semble que les informaticiens et autres consultants en tout genre soient subitement devenus des experts de la révolution industrielle, portés le buzz de l’Industrie 4.0. Aucun mal à cela, à condition qu’ils connaissent leur sujet et qu’ils évitent de répéter bêtement des banalités souvent inexactes!
C’est pour cette raison que je vous propose de lire ce livre d’histoire passionnant, écrit par un ancien directeur de recherche du CNRS, Jean-Pierre RIOUX. Dans un langage accessible à tous, l’auteur nous explique comment nos économies ont vécu cette profonde mutation de productivité à l’âge de la révolution industrielle, se libérant de la force physique puis en multipliant la production des biens et des services.
Dans ce voyage à une époque pas si ancienne que cela, nous nous ferons une idée des différents chemins empruntés par nos nations respectives. Le périple de l’âge moderne commence en Angleterre à la fin du XVIIIème siècle, à une période où l’Europe domine le monde par ses capitaux, ses hommes et ses techniques. Dans ce contexte, la révolution industrielle naissante est une révolution technique. Celle du charbon, de la vapeur et de la mécanique. C’est LA révolution industrielle qui donnera naissance aux trois suivantes. La seconde révolution industrielle est quant à elle associée à l’invention de l’électricité, du pétrole et du moteur à explosion. La troisième est celle de l’informatique et de l’énergie nucléaire, alors que la quatrième est celle de l’interconnexion des systèmes cyberphysiques.
Mais attention, les historiens ne sont pas des marqueteurs! Consciencieux et soucieux du détails, ils discutent encore de la pertinence d’identifier une seconde, une troisième ou encore une quatrième révolution industrielle, puisque chacune d’elles se trouve être une continuité de la première. Notre écosystème devenant tellement complexe et interconnecté, il est effectivement très difficile de faire abstraction de tous les paramètres influençant cette révolution continue, que ce soit au travers de l’évolution des facteurs économiques, des progrès de l’agriculture, de l’évolution de la démographie, de l’amélioration de la santé, du changement des systèmes politiques ou encore de l’éruption des catastrophes. Il ne faudra donc pas se limiter à une vision linéaire de la révolution industrielle, mais bel et bien à une imbrication complexe de facteurs multiples et interactifs.
Pour ceux qui aiment comprendre et comparer la compétitivité de nos nations respectives, ce livre nous offre également un regard original sur la gestion des changements et sur l’adoption des nouvelles technologies par de nombreux pays comme l’Angleterre, la France, l’Allemagne, les Etats-Unis, la Suisse et la Belgique. Ceci permettra à chacun de nous de s’identifier dans son contexte historique.
Au fil des pages et des chapitres, on comprendra qui ont été les principaux catalyseurs de cette révolution, avec le rôle clé de l’agriculture, de l’industrie du textile, de la sidérurgie, de la disponibilité des capitaux, de l’influence culturelle, des règles commerciales ou encore des politiques de taxation des biens et du travail. Vous allez ainsi plonger dans cette époque bouillonnante de la première révolution industrielle, fixant votre regard dans les ateliers textiles anglais, dans les sidérurgies allemandes, dans les mines belges, sur les voies de chemin de fer américaines ou encore dans les fermes agricoles françaises.
Et contrairement à ce qui a été écrit par de nombreuses personnes issues du monde technologique, ce livre démontre que ce n’est pas la révolution industrielle qui est à l’origine de la croissance démographique, mais plutôt la baisse du taux de mortalité et le manque de main d’œuvre disponible pour produire des biens en masse. La révolution industrielle est donc une réponse à une forte demande de croissance démographique. Mais naturellement, une fois le cycle initié, la technologie a fini par porter et favoriser cette croissance accélérée.
Je terminerai ce compte rendu par une pensée reconnaissante pour l’ouvrier qui a largement contribué à l’industrialisation de nos sociétés, en fournissant un travail acharné dans des conditions difficiles et ingrates. Il a été à la fois une pièce maitresse du progrès et son serviteur inconsidéré. C’est la victime de la loi naturelle du capitalisme en expansion. Néanmoins, par son action, il a offert une vie meilleure à ses enfants qui récoltent aujourd’hui une bonne partie des fruits qu’il a semé. Merci!
LE DEUXIÈME ÂGE DE LA MACHINE, TRAVAIL ET PROSPÉRITÉ À L’HEURE DE LA RÉVOLUTION TECHNOLOGIQUE, par E. BRYNJOLFSSON et A. McAFEE, aux éditions ODILE JACOB ****
Si vous ne deviez lire qu’un seul livre concernant la quatrième révolution industrielle, alors c’est sans aucune doute celui-ci qu’il vous faudra acquérir, que ce soit dans sa version originale anglaise ou dans sa traduction française.
Andrew McAFEE, l’un des deux co-auteurs de ce livre, dirige le département de recherche du Center for Digital Business du MIT. C’est l’un des plus grands connaisseur et visionnaire des nouvelles technologies, déjà précurseur du concept de l’entreprise 2.0.
Et comme les grands esprits ont toujours une guerre d’avance, il ne s’est pas contenté d’écrire un livre technologique sur l’Industrie 4.0. Il s’est positionné au-dessus de la mêlée en faisant référence au deuxième âge de la machine, c’est-à-dire à la dominance confirmée de l’ordinateur sur la machine mécanique. Car, comme il le démontre, la révolution numérique que nous vivons actuellement est une simple continuité de la première révolution industrielle du 18ème siècle. Le dénominateur commun étant l’énergie. C’est bien elle qui nous permet de vivre plus longtemps, de se déplacer plus rapidement, de favoriser les échanges commerciaux, d’avoir du temps pour innover et pour échanger de l’information. Et l’information c’est de l’énergie, celle que nous dépensons pour la créer et celle nécessaire à l’alimentation électrique des data centers qui permettent le transit et l’interprétation des données.
Cet apport d’énergie colossal a fait entrer notre humanité dans l’ère de l’exponentiel. Tout ce qui a été inventé auparavant est subitement devenu insignifiant au regard des avancées actuelles. Savez vous que sur les 3500 milliards de photos prises entre 1838 (date du premier cliché) et 2013, 10% l’on été en 2012 ? Effectivement, tout s’accélère et les innovations se succèdent à un rythme exponentiel.
C’est pour nous offrir une vision à 360° de cette transformation sociétale qu’Andrew McAFEE s’est associé à l’économiste Eric BRYNJOLFSSON, en intégrant la composante économique au cœur de cette problématique. Et c’est cet assemblage réussi qui confère à ce livre une valeur tout-à-fait singulière. Car les avancées technologiques actuelles ont un impact direct sur notre économie et sur nos futurs postes de travail. Nous constatons déjà que l’utopie d’hier de la gratuité des services a été comblée. Le coût de l’atome a été supplanté par la gratuité du bit. Inutile de décrire l’impact de ce changement de paradigme sur les modèles d’affaires de nos entreprises. Et si vous ne voyez pas à quoi je fais référence, alors allez interroger un chauffeur de taxi. Il pourra facilement vous expliquer les enjeux de l’ubérisation de notre société.
Une des contrepartie de cette course vers le progrès technologique et numérique est qu’un petit nombre de personnes peut créer à lui seul une énorme quantité de valeur avec très peu de ressources humaines. Si cela fait rêver certains entrepreneurs, il faut tout-de-même se poser la question de la répartition de la richesse qui a tendance à se (re)creuser entre les classe sociales, malgré le fait que le PIB n’ait jamais été aussi haut. Nos deux auteurs visionnaires nous proposent d’ailleurs quelques pistes de réflexion que nos politiciens devraient étudier avec intérêt.
Bien, il est temps pour vous de commander ce livre afin de préparer votre entrée dans le monde digital. Le voyage sera rapide et palpitant. Au gré des chapitres, vous visualiserez sans peine notre futur envahi par des voitures électriques autonomes, par des services à intelligente articifielle, par des systèmes de traduction de la voix en temps réel, par des médecins virtuels, par des ateliers de production équipés de robots collaboratifs,…
Et terminons par une phrase qui résume parfaitement cette transformation : « L’idée à plus de valeur que les choses, l’esprit l’emporte sur la matière, les bits sur les atomes, les interactions sur les transactions. »
DATA ENTREPRENEURS, LES RÉVOLUTIONNAIRES DU NUMÉRIQUE, par X. COMTESSE, J. HUANG et F. NÉMETI, aux éditions G d’Encre ****
Voici un livre « made in Swiss Romandie » écrit spécialement pour nos entrepreneurs locaux dans le but de leur expliquer les enjeux et les composantes de la digitalisation des entreprises.
En cette ère de l’échange d’information, les auteurs ont eu la présence d’esprit de mettre en pratique le travail collaboratif pour concevoir un ouvrage original tant sur la forme que sur le contenu. C’est ainsi qu’ils nous ont mis à disposition un livre parfaitement abouti et de grande valeur, disséquant la vague numérique sous différents angles de vue, sans manquer aucun élément clé.
C’est pour rester sur le sommet de cette vague que ce livre va nous apporter son assistance, en nous guidant dans nos réflexions et en nous stimulant dans la recherche de nouvelles opportunités de développement. Mais c’est surtout une solution rapide et idéale pour consolider nos connaissances sur les technologies digitales et sur le vocabulaire idoine, comme par exemple l’Internet des Objets, le Cloud Computing, l’Industrie 4.0, le Big Data, le Data Mining, le Data Analytics, le Data Lake, le Machine-Learning, l’Intelligence Artificielle, le Blockchain,… Bref, une vraie niche d’information digitale !
Ce livre vous permettra aussi de mieux comprendre les nouveaux métiers qui se créent, comme l’avènement des Data Analystes et des Data Scientistes, mais également d’anticiper l’évolution de votre propre métier. Car il est temps de prendre les mesures nécessaires pour ne pas se laisser submerger par cette déferlante numérique qui s’abat sur nous.
Pour illustrer la théorie présentée dans cet ouvrage, les auteurs ont également mentionné de nombreux exemples pratiques appliqués dans des entreprises de référence. Ils ont aussi disséqué la stratégie numérique des grandes entreprises leader du marché, en analysant les impacts sur les différents domaines d’activités dans lesquels nous travaillons.
Finalement, comme ce livre s’adresse en priorité aux entrepreneurs, ces derniers trouveront une proposition de feuille de route bien utile pour lancer leur programme de transformation digitale.
Excellente lecture à vous !
INDUSTRIE 4.0 : LA QUATRIÈME RÉVOLUTION INDUSTRIELLE EST EN MARCHE !
Il est temps de parler du concept de l’Industrie 4.0 dans ce blog dédié à l’évolution de l’entreprise. Loin d’être un simple « buzzword », l’Industrie 4.0 fait référence à la 4ème révolution industrielle dans laquelle notre société est entrée depuis quelques années déjà.
Si nous ne saisissons que partiellement les bouleversements qui s’opèrent autour de nous et qui vont prochainement déferler sur notre société, l’histoire les relatera certainement comme étant une évolution fulgurante et brutale. La raison de la difficulté de perception de ce changement d’ère vient principalement du fait qu’elle repose sur des fondamentaux intangibles, car c’est une révolution numérique. Personne ne manifeste dans les rues, il n’y a pas de nouvelles machines sur nos routes, pas de mutation accélérée de nos entreprises, pas de disparition massive de d’emplois,… ou du moins pas pour l’instant. Car nous voyons déjà apparaître dans nos vies des robots intelligents, des assistants portables, des voitures et des drones autonomes, des services clients à intelligence artificielle, des traducteurs vocaux en temps réel,… pour n’en citer que quelques-uns.
En fait, cette révolution industrielle et sociétale est celle du « tout connecté », interfaçant les humains, les machines, les objets et les systèmes, sur la base des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC). Cette explosion de l’échange d’information permettra de piloter des usines en temps réel grâce à la collaboration entre l’intelligence artificielle et l’humain.
Notre monde sera donc digitalisé et automatisé, pour le meilleur et/ou pour le pire. Mais comme la nature donne toujours un avantage aux systèmes complexes et adaptables, il est vain de lutter contre cette évolution naturelle. Il est préférable de chercher à la comprendre afin de l’influencer dans une direction bénéfique pour l’être humain. Et il faut rapidement penser à ce que vont devenir nos places de travail et notre qualité de vie. Sans compter que cette évolution technologique entre en parfaite résonnance avec une seconde transformation majeure de notre économie qui facilite drastiquement l’échange commercial et le transport international: la mondialisation. Il s’agit en fait d’un cocktail « explosif » qui aura des conséquences sociétales au moins aussi importantes que celles apportées par les derniers conflits mondiaux.
Mais avant d’entrer davantage dans cette réflexion, rappelons tout-de-même qu’elles ont été les précédentes révolutions industrielles illustrées sur l’image figurant en entête de cet article. La première fait référence à la mise au point de la machine à vapeur en 1763 par James Watt. La force musculaire a ainsi été remplacée par la force mécanique des machines, ce qui a permis l’éclosion des ateliers de production et le déplacement facilité des personnes et des marchandises par voie ferroviaire et maritime.
La seconde révolution industrielle est issue de l’usage de l’électricité dans les usines, ce qui a permis l’éclosion du travail à la chaine. Il a alors été possible de fabriquer de grandes quantités de biens matériels en série – à des prix accessibles à de plus en plus d’individus des différentes classes sociales – comme la fameuse Ford T dans les années 1908, grâce à la mise au point simultanée du moteur à explosion.
La troisième révolution est celle du transistor et de la naissance de l’informatique. Cette révolution est à l’origine des ordinateurs, des tablettes et autres smartphones qui sont maintenant en possession de chacun d’entre nous. Dans l’industrie, ce sont les automates programmables qui se sont diffusés à large échelle et qui ont permis d’atteindre un degré extrême de performance et de vitesse dans les processus industriels.
La quatrième et dernière révolution industrielle démultiplie les effets des innovations précédentes en interconnectant tous les systèmes entre eux, au travers de réseaux de communication locaux et mondiaux comme l’Internet, le 3G/4G, le WiFi, le Bluetooth ou encore l’Ethernet. Au niveau sociétal, rappelons que c’est la mise en relation des individus qui a généré l’intelligence collective humaine nous ayant porté au sommet de la pyramide alimentaire. Cette fois-ci, ce sera la collaboration avec les systèmes cyber-physiques et l’intelligence artificielle qui va asseoir notre position dominante, pour autant toutefois qu’ils ne prennent pas notre place. Ceci dit, même si un certain nombre d’êtres humains sont apeurés par une telle perspective, comme pour bien d’autres sujets d’ailleurs, il faut se rendre à l’évidence qu’il nous est impossible de lutter contre notre programmation génétique qui nous pousse au progrès et nous rend curieux de notre environnement et de notre futur.
La quatrième révolution industrielle est donc celle du cognitif, en opposition à la première révolution industrielle qui a été celle de la force physique.
Si certains pensent encore qu’il est exagéré de consacrer autant d’importance à cette révolution industrielle par rapport à toutes les précédentes inventions et évolutions de l’humanité – comme l’a été l’agriculture, la domestication des animaux, la poterie, la métallurgie, le textile, l’écriture, l’art ou encore les philosophies – il faut prendre conscience que toutes ces évolutions n’ont eu qu’un effet mineur sur la croissance de la population humaine même si elles représentent une étape et une base essentielle. En fait, la courbe exponentielle de l’évolution démographique se dresse au moment de la première révolution industrielle, lorsque la société a commencé à produire d’énormes quantités d’énergies.
Bien, mais quels seront les impacts concrets de cette quatrième révolution industrielle sur nos vies et sur nos industries ? Je tiens à dire, avant tout, qu’il ne faut pas la craindre puisque c’est la seule solution pour permettre à nos industries Européennes de rester compétitives dans le marché mondialisé, car notre parc industriel et notre main d’œuvre vieillissent rapidement. Il ne sera pas suffisant de faire venir des immigrés pour palier à ces manquements. Il faudra plutôt déléguer une grande partie des tâches pénibles et répétitives à des robots intelligents avec qui nous collaborerons. Un pan entier du concept de l’Industrie 4.0 est donc dévolu à la robotique et à l’automatisation des processus de fabrication. C’est dans ce contexte que le gouvernement allemand a lancé l’initiative « Industrie 4.0 » en 2011, copié ensuite par tous les pays industrialisés avec des noms de projets comme « Industrie 2025 » en Suisse ou « Smart Factory » aux USA.
Comme à l’ère de l’apparition des premières machines à vapeur et des premiers moteurs à explosion, ou encore des premiers ordinateurs, des postes de travail vont disparaître. C’est inévitable. Et ce seront les postes les plus routiniers et les moins qualifiés qui disparaîtront en premier, remplacés par des fonctions davantage réflexives et créatives, avec des personnes mieux qualifiées, sachant collaborer avec l’intelligence artificielle et les robots. La formation a donc un rôle crucial et urgent à jouer en préparant les prochaines générations à cette transformation sociétale.
En plus de cela, nos entreprises devront également s’adapter à la nouvelle donne énergétique, avec une production décentralisée et instable. Elles devront également se montrer agiles pour produire des biens à des performances maximales durant de courts laps de temps, ce d’autant plus que les batchs de production vont diminuer jusqu’à la fabrication unitaire. C’est inéluctable puisque les clients demandent maintenant des produits et des services sur mesure, habitué par l’offre des services digitaux qui répondent déjà à cette demande. Peut-être même que nous pourrons bientôt fabriquer nos biens personnalisés à la maison grâce aux imprimantes 3D, pour autant que les dernières barrières technologiques soient levées.
Que nos entreprises suisses ne ratent pas ce virage technologique et sociétal, ce d’autant plus que nous avons d’excellentes cartes en main pour jouer cette partie passionnante !