Archive for the ‘Entreprise’ Category

TESTING BUSINESS IDEAS, par David J. BLAND et Alex OSTERWALDER, aux éditions WILEY ***

Ce livre en version anglaise complète la génialissime série Strategyzer avec son Business Model Generation et son Value Proposition Design, dont le succès planétaire n’est plus à démontrer!

Pour rappel, le Value Proposition Canvas est une méthode permettant de mettre en résonance le profil du client (son activité, les problèmes qu’il souhaite voir disparaître, les bénéfices qu’il souhaite obtenir) avec la description de la proposition de valeur que l’entreprise désire mettre sur le marché (description du produit/service, les solutions qui soulageront les problèmes du client puis les éléments qui créeront les bénéfices escomptés par le client).

Value Proposition Canvas

Pour ce qui est du Business Model Generation, il propose un canevas de neuf blocs permettant de représenter visuellement la proposition de valeur du produit/service, la cible client, les canaux de communication, les relations client et les flux de revenus attendus, pour ce qui est de la partie offre. La seconde partie de ce canevas illustre comment cette proposition de valeur est construite, en identifiant les ressources et les activités clés, les partenariats clés ainsi que la structure de coûts nécessaire.

C’est en fixant ce canevas au format A0 sur le mur d’une salle, entouré d’une équipe pluridisciplinaire et armé de blocs de post-it de différentes couleurs, que l’on pourra extraire toute la valeur de cette méthode lors de la phase d’idéation d’un nouveau service ou produit.

Business Model Canvas

Le Testing Business Ideas a, quant à lui, pour objectif de compléter ces deux précédentes démarches en proposant une méthode pour tester rapidement et efficacement les idées business, de manière contrôlée et structurée, tout en diminuant rapidement l’incertitude et le risque liés à cette idée en faisant intervenir le client/utilisateur le plus rapidement et pertinemment possible.

Testing Business Ideas process

Comme à son habitude, Strategyzer a admirablement bien illustré et designé ce cahier afin de nous offrir une lecture agréable et inspirante. Et parmi tous les conseils avisés et les outils exposés, vous y trouverez surtout 44 méthodes permettant de tester vos idées business!

Chaque idée étant illustrée puis détaillée avec les différentes étapes de mise en œuvre, en identifiant les coûts spécifiques, les ressources nécessaires, le temps de mise en œuvre et d’exécution requis ainsi que le degré de précision de la méthode. Une étude de cas réelle complète généralement le chapitre.

C’est donc un livre qu’il faut absolument poser sur son étagère afin de pouvoir rapidement y accéder lorsque l’on doit proposer des méthodes de test de son idée d’affaire. Je recommande ce livre à tous les entrepreneurs, startupers et autres créateurs de business!

MES GUIDE FOR EXECUTIVES, WHY AND HOW TO SELECT, IMPLEMENT, AND MAINTAIN A MANUFACTURING EXECUTION SYSTEM, par Bianca SCHOLTEN, aux éditions ISA**

Je recommande vivement la lecture de ce livre aux décideurs pressés qui souhaitent comprendre ce qu’est un MES et quels sont les enjeux d’intégration d’un tel système dans leurs ateliers de production.

Habituellement, l’abréviation MES signifie « Manufacturing Execution System ». Mais l’évolution des fonctions de pilotage d’un atelier de production pousse à préférer la terminologie « Manufacturing Entreprise Solutions ».

Dès les premières pages du livre, l’auteure Bianca SCHOLTEN, consultante chez Accenture, nous prend par la main et nous explique clairement ce qu’est un MES, quelles fonction il intègre, qu’est-ce qu’il apporte à l’entreprise, quelles questions se poser avant d’implémenter un tel système, comment aborder le calcul de son retour sur investissement, quels processus de sélection choisir, quelles étapes d’intégration suivre, puis comment le mettre en service et le maintenir en état fonctionnel. En se basant sur les normes ISA-95 et ISA-88, l’auteure décrit parfaitement les différentes couches de responsabilités hiérarchiques entre l’ERP, le MES et le contrôle des machines de production.

Bianca SCHOLTEN nous propose également une réflexion très intéressante sur le choix du bon département devant piloter un projet d’intégration de MES. Doit-il être conduit par l’IT ou par l’Engineering de production ? Vous y trouverez des arguments pertinents pour prendre la bonne décision selon le contexte dans lequel votre entreprise évolue.

Si vous êtes actif dans le domaine de la production industrielle, je vous propose encore de vous rendre sur le site de l’organisation MESA International (Manufacturing Enterprise Solutions Association International) http://www.mesa.org/en/index.asp qui soutien les deux normes précédemment citées et qui a pour objectif d’apporter l’information pertinente aux entreprises souhaitant implémenter un MES, en mettant à disposition les bonnes pratiques issues des intégrateurs de solutions.

COMPRENDRE LE DEEP LEARNING, par J.-C. HEUDIN, aux éditions SCIENCE-EBOOK **

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Impossible de passer une journée sans entendre parler d’intelligence artificielle, de machine learning ou de deep learning. Que nous soyons fascinés par les promesses de cette discipline ou apeurés par ses risques sous-jacents, nous sommes souvent mal outillés pour juger de la pertinence des informations que nous recevons.

C’est pour cette raison que je recommande vivement la lecture de cet ouvrage pratique qui vous fera entrer dans le fonctionnement neuronal du cerveau humain via l’usage d’équations algébriques matricielles. Pas besoin d’être mathématicien pour suivre les démonstrations exposées dans ce livre, mais il faut quand même être réceptif au calcul algébrique. Ici se termine donc les fantasmes liés à cette technique de traitement des données de masse pour entrer dans le monde réel et pratique du machine learning et de son sous-ensemble, le deep learning.

Pour ma part, cette lecture pédagogique m’a permis de mieux comprendre les limites de la mise en œuvre de cette technologie dans le monde industriel dans lequel il est impératif de pouvoir reproduire les procédés de manière fiable, puis d’expliquer pourquoi et comment fonctionnent les automatismes. De plus, le nombre de données pertinentes et utilisables pour entraîner les systèmes apprenants est un véritable challenge dans cette industrie. Pensez au nombre réduit des machines identiques de la base installée, possédant les mêmes composants électroniques, avec les mêmes caractéristiques physiques, les mêmes versions firmware et les mêmes versions applicatives. Sans compter les éventuelles modifications effectuées par le client lui-même. Bref, les promesses sont attrayantes, certes, mais le chemin de l’industriel est encore long avant de pouvoir rentabiliser les investissements nécessaires. 

Si je ne suis évidemment pas devenu un expert du deep learning par la simple lecture de ce livre, je comprends toutefois beaucoup mieux pourquoi je ne le serai jamais ! En effet, bien que ce sujet soit très tendance et présenté souvent de manière extrêmement séduisante, au travers de quelques succès retentissants dans des domaines bien précis, il faut avouer que cela reste une discipline d’alchimistes mathématiciens qui s’exaltent avec des nombres, des matrices, des calculs d’erreurs et des paramètres d’ajustements.

Bien, c’est maintenant à vous de décider si vous souhaitez vous lancer dans la création et dans l’entraînement de votre premier réseau de neurones en Javascript. Allez, bon voyage !

LA QUATRIÈME RÉVOLUTION INDUSTRIELLE, par K. SCHWAB, aux éditions DUNOD ***

9782100759675-001-XVoici une livre qui offre un regard holistique sur la quatrième révolution industrielle. Il pourrait d’ailleurs s’appeler « Réflexion sur l’évolution de nos sociétés ultra-connectées et ultra-médiatisées ».

Ce qui rend cet ouvrage singulier, c’est que l’auteur n’est autre que Klaus Schwab, le fondateur du World Economic Forum de Davos. Grâce à son expertise économique avérée, il nous offre une analyse pertinente des bouleversements actuels et futurs, en tenant compte des enjeux sociétaux, économiques, politiques et culturels. De plus, sa formation d’ingénieur lui permet de maîtriser également les aspects technologiques qui sont à l’origine de cette révolution.

J’ai particulièrement apprécié le discours réaliste et équilibré de Klaus Schwab qui contrebalance équitablement les avantages et les risques de la digitalisation de notre société. Si son tempérament optimiste le pousse à mettre en avant les gains que cela va apporter sur la pénibilité du travail, il n’occulte toutefois pas les risques de segmentation de la population entre les individus bien formés possédant le capital, et ceux qui sont moins bien formés et qui comptent uniquement sur le revenu de leur travail.

Comme il le mentionne très justement, des milliards d’individus n’ont pas encore accès aux services et aux équipements de la première révolution industrielle, comme l’électricité, l’eau et l’assainissement. Tous les pays ne vont donc pas profiter de cette évolution de manière équivalente, même si certains d’entre eux pourront tout-de-même bénéficier de quelques sauts technologiques rapides comme c’est le cas avec la communication téléphonique sans fil.

Si l’auteur croit au bienfait du progrès pour améliorer la condition humaine, il admet que ce sont bel et bien les pays industrialisés qui récolteront les principaux fruits mûrs par leur capacité à maîtriser et à investir massivement dans ces nouvelles technologies.

Klaus Schwab s’interroge également sur les métiers à risques et ceux qui devraient se développer grâce à l’arrivée de l’automatisation à outrance et à l’utilisation de l’intelligence artificielle. Ce point mérite réflexion, car ce ne sont pas uniquement les caissières du supermarché d’à côté qui sont concernées par cette évolution. Les radiologues, les avocats, les médecins, les assureurs ou encore les journalistes sont également menacés par ces changements, car leurs tâches répétitives et spécialisées peuvent parfaitement être réalisées par une intelligence artificielle automatisée.

Plus problématique encore sont ces nouvelles plateformes qui nous offrent presque gratuitement des services qui nous facilitent grandement la vie, comme c’est le cas avec Uber et Airbnb. A premier abord, ces services sont bénéfiques pour les utilisateurs. Mais comment comptabiliser leur impact sur le travail et sur la précarisation des travailleurs qui se mettent à leur propre compte pour offrir leurs services à faible valeur ajoutée ? Et quel est l’impact de ces modèles d’affaires sur le PIB ?

Je m’associe bien volontiers à la conclusion de Klaus Schwab, qui nous demande de nous impliquer dans cette transformation sociétale pour influencer son évolution dans le sens que nous désirons, en impliquant toutes les parties prenantes, plutôt que refuser de la voir en face pour ensuite en subir les conséquences négatives. C’est d’ailleurs le but de ce livre qui nous fourni un grand nombre d’éléments de réflexion dans les thèmes sociétaux, économiques, technologiques, mais également au niveau des rapports humains, de la gestion des Etats et de la sécurité internationale.

Concernant les entreprises, le motto actuel n’est autre que « adapte toi vite ou meurt ! ». Pour répondre à ce changement de paradigme et à ces bouleversements complexes et interdépendants, nos entreprises doivent mettre en place des hiérarchies flexibles, des organisations capables de maîtriser leur écosystème évolutif, des veilles actives aptes à prévenir les disruptions commerciales, des stratégies innovantes pour attirer et garder les talents et encore des tactiques sophistiquées pour valoriser et entretenir la confiance des partenaires stratégiques. Il faut être très attentif à tout cela, car comme nous le voyons dans la capitalisation des grandes entreprises actuelles, il semble que les gagnants raflent tout!

IoT, L’ÉMANCIPATION DES OBJETS, par F. NÉMETI, G. PAULETTO, D. DUAY ET X. COMTESSE, aux éditions G D’ENCRE ***

internet-of-things-emancipation-des-objetsJe tiens à recommander la lecture de cet ouvrage pour deux raisons. La première, c’est qu’il s’agit d’un livre rédigé et imprimé localement, estampillé d’un label Suisse romand. La seconde, c’est en raison de son contenu riche en information, transcrivant tout ce qu’il est nécessaire de savoir sur la thématique de l’IoT (Internet of Things en anglais, soit Internet des Objets en français). C’est le livre idéal pour l’entrepreneur qui souhaite maîtriser rapidement les fondamentaux de cette thématique, avec la mise à disposition d’une feuille de route pertinente pour l’accompagner dans la transformation de son organisation.

Ce livre est en fait le quatrième opus d’une série dédiée à l’évolution de la manufacture, aux leviers de croissance offerts par l’ère du numérique, à la compréhension du pouvoir des data et finalement à l’émergence de l’Internet des Objets.

Pour ceux qui ne le savent pas encore, l’IoT fait référence à ce que nous voyons se développer tout autour de nous, avec des objets connectés qui exécutent des tâches de plus en plus complexes et intelligentes. Les objets peuvent être connectés à travers Internet, via des plateformes informatiques distantes, mais également reliés directement entre eux par des connections filaires ou hertziennes.

L’objet connecté de référence n’est autre que notre smartphone qui embarque un grand nombre de capteurs et d’interfaces, capable d’effectuer lui-même une quantité incalculable de fonctions et de services. Mais bien plus largement, chaque objet de notre monde actuel est en train d’être évalué pour savoir comment il pourrait générer davantage de valeur en lui ajoutant des fonctionnalités connectées. C’est le cas des voitures, des téléviseurs, des machines à café, des machines à laver, des réfrigérateurs, des lunettes ou encore des montres, pour n’en citer qu’une petite partie. On parle en fait de plusieurs dizaines de milliards d’objets qui seront connectés dans un horizon de quelques années seulement. Mieux vaut donc se préparer à cette déferlante annoncée!

En fait, nous avons affaire à un progrès technologique majeur qui est en train de modifier considérablement nos habitudes de vie, tout comme l’a fait l’électricité, l’automobile, la télévision ou encore l’informatique.

Même si les idées les plus folles peuvent être maintenant réalisées, ce sont bien les innovations qui apporteront une réelle plus-value qui résisteront au verdict des usagers qui souhaitent se faciliter la vie et se débarrasser des tâches répétitives.

Si certains objets sont en interaction directe avec l’homme, la plus grande partie des objets communiqueront directement entre eux, échappant ainsi à notre attention. Cet échange inter-objet représentera même la plus grande consommation de données qui transitera dans les airs et dans les réseaux câblés.

Dans ce livre, vous comprendrez non seulement les enjeux de cette transformation digitale qui s’oriente vers un monde totalement connecté, mais vous recevrez également un excellent aperçu des briques technologiques qui le compose, comme le fonctionnement et l’utilité des capteurs, des réseaux, des données, des plateformes cloud, de l’intelligence artificielle, du blockchain ou encore du big data. Vous y trouverez encore des comparatifs entre les différentes technologies existantes et les principaux acteurs de ce secteur d’activités, sans oublier de se référer à ce qui se passe de l’autre côté des océans Atlantique et Pacifique.

Naturellement, le domaine de la santé est largement abordé dans cet ouvrage puisqu’il touche à la fois un élément central de nos préoccupations vitales et un pan entier de notre économie qui va être bouleversé par la déferlante de l’IoT. En effet, une médecine largement automatisée se profile devant nous avec l’utilisation de l’intelligence artificielle pour traiter des milliards de données issues à la fois des patients et des bases de connaissance mondiales. Cette intelligence sera capable de fournir des diagnostics quasi instantanés depuis n’importe quel endroit de la planète et à n’importe quel moment. Les données nécessaires au bon fonctionnement de cette médecine complémentaire seront abondamment complétées par celles qui proviendront de nos bracelets connectés et des capteurs qui se logeront progressivement dans notre corps.

Ne se contentant pas de décrire et d’expliquer ce que nous pourrions constater par nous-mêmes, les auteurs de ce remarquable ouvrage nous font part de leurs prédictions concernant l’évolution de ce monde connecté. Ils se positionnent sur le devenir de la montre connectée, des vêtements connectés, de la réalité augmentée et virtuelle, du développement des smart cities, de la voiture connectée, des bots ou encore de la disparition annoncée des serrures. C’est un voyage qu’il vaut la peine de partager avec eux et durant lequel j’ai souvent reconnu la griffe de X. COMTESSE qui n’est pas à son premier coup d’essai dans ce thème qu’il maitrise à la perfection.

Bref, vous l’aurez compris, l’innovateur suisse romand que vous êtes se doit d’habiller sa bibliothèque de ce bel ouvrage!

MAKERS, LA NOUVELLE RÉVOLUTION INDUSTRIELLE, par CH. ANDERSON, aux éditions PEARSON ***

00153_thumb2_220x244Derrière le mouvement Makers se cache la seconde vague de la révolution digitale qui s’approche de nous à grande vitesse, en charriant les bouleversements du monde de l’informatique vers celui du monde des biens matériels.

Ce transbordement des pratiques du bit vers celui de l’atome aura un impact colossal sur notre société, puisque l’économie tangible est cinq fois plus grande que celle de l’intangible.

Ce phénomène est rendu possible par la combinaison de deux éléments. Le premier est la capacité de représenter des objets par des fichiers informatiques contenant toutes les caractéristiques intrinsèques de l’objet, alors que le second est relatif à l’accessibilité des machines de fabrication additive qui permettent à tout un chacun de confectionner un objet à partir d’un fichier informatique.

Chris Anderson, auteur de cet ouvrage captivant et rédacteur en chef du fameux magazine Wired, prédit que « […] fabriquer des objets, chez soi comme à son bureau, va rapidement devenir aussi courant que de retoucher des photos… ». Il relève que l’impression 3D est actuellement au stade de l’imprimante matricielle des années 80 et que son évolution sera tout aussi fulgurante, avec une qualité d’impression comparable à ce que nos imprimantes papier sont actuellement capables de faire. D’ailleurs, les grands groupes internationaux s’y préparent en attendant patiemment la démocratisation de ce moyen de production avant de pouvoir inonder le marché de leurs équipements à bas prix, répliquant le modèle d’affaires des imprimantes laser et à jet d’encre actuelles.

Mais pourquoi parler des Makers dans cette évolution sociétale? Et bien parce que ces pionniers – passionnés de nouvelles technologies – contribuent fortement à l’accélération de cette transition numérique en investissant une grande partie de leur temps libre pour découvrir, tester et mettre au point de nouvelles technologies et pratiques. Les Makers d’aujourd’hui sont, en fait, les héritiers des inventeurs et des bricoleurs d’hier, disposant toutefois d’un terrain de jeux élargi grâce aux capacités collaboratives de l’Internet et grâce à l’accès facilité aux hautes technologies de fabrication numérique qui sont maintenant devenues accessibles à tous.

Par cette évolution technologique, la capacité de produire des biens pourra revenir en partie dans les mains des particuliers et ne restera pas uniquement dans celles des grandes familles d’industriels. C’est ainsi que les barrières de production et de commercialisation des biens physiques diminueront pour ouvrir le marché à de plus en plus d’acteurs. Mais attention, il ne faut pas croire que la fabrication de masse va disparaître! En plus d’être totalement irréaliste, cela serait préjudiciable puisque la production de masse a pour effet d’abaisser le prix des biens communs et de les rendre accessibles au plus grand nombre. Sans compter que la production de masse apporte une amélioration continue de la qualité des produits et de la chaine d’approvisionnement, en limitant les défauts et les rebus.

Néanmoins, produire soi-même ses biens permet de les rendre uniques et adaptés nos besoins personnels. Notre implication dans la fabrication de nos objets contribue même à nous rendre davantage soigneux et respectueux, nous incitant à les garder plus longtemps, développant ainsi une attitude écoresponsable digne de notre époque.

Demain, nous fabriquerons donc nous-même ce que l’on ne pourra pas trouver au super marché, mais continuerons de nous y rendre pour y acheter les produits communs.

Dans ce livre, Chris Anderson ne se contente pas de décrire les principes théoriques du mouvement Makers et de la révolution industrielle qui nous traverse. Il nous donne également des exemples concrets de création de nouveaux modèles d’affaires et nous explique de manière détaillée quels outils technologiques supportent cette évolution. L’auteur défend aussi les vertus de l’open source qui fait partie intégrante de l’esprit Makers et qui consiste à donner librement son savoir dans l’espoir d’en obtenir davantage en retour. Avec l’open source, on peut certes se faire copier plus vite – puisque tout ce que nous faisons est publié – mais en contre partie on peut innover beaucoup plus rapidement puisque nous recevons de l’aide gratuite et pertinente de la part d’un très grand nombre de personnes dévouées et compétentes. L’élément commercial différenciateur étant le service et la communauté d’utilisateurs que l’on pourra créer autour du produit que l’on propose.

Voilà, c’est maintenant à votre tour de vous lancer dans cette lecture passionnante qui vous ouvrira l’esprit sur les possibilités de la révolution technologique et numérique dans laquelle notre société s’est engagée. Prenons notre avenir en main et devenons tous des Makers!

 

LE DEUXIÈME ÂGE DE LA MACHINE, TRAVAIL ET PROSPÉRITÉ À L’HEURE DE LA RÉVOLUTION TECHNOLOGIQUE, par E. BRYNJOLFSSON et A. McAFEE, aux éditions ODILE JACOB ****

978273813306951-dhsew-ql__sy344_bo1204203200_Si vous ne deviez lire qu’un seul livre concernant la quatrième révolution industrielle, alors c’est sans aucune doute celui-ci qu’il vous faudra acquérir, que ce soit dans sa version originale anglaise ou dans sa traduction française.

Andrew McAFEE, l’un des deux co-auteurs de ce livre, dirige le département de recherche du Center for Digital Business du MIT. C’est l’un des plus grands connaisseur et visionnaire des nouvelles technologies, déjà précurseur du concept de l’entreprise 2.0.

Et comme les grands esprits ont toujours une guerre d’avance, il ne s’est pas contenté d’écrire un livre technologique sur l’Industrie 4.0. Il s’est positionné au-dessus de la mêlée en faisant référence au deuxième âge de la machine, c’est-à-dire à la dominance confirmée de l’ordinateur sur la machine mécanique. Car, comme il le démontre, la révolution numérique que nous vivons actuellement est une simple continuité de la première révolution industrielle du 18ème siècle. Le dénominateur commun étant l’énergie. C’est bien elle qui nous permet de vivre plus longtemps, de se déplacer plus rapidement, de favoriser les échanges commerciaux, d’avoir du temps pour innover et pour échanger de l’information. Et l’information c’est de l’énergie, celle que nous dépensons pour la créer et celle nécessaire à l’alimentation électrique des data centers qui permettent le transit et l’interprétation des données.

Cet apport d’énergie colossal a fait entrer notre humanité dans l’ère de l’exponentiel. Tout ce qui a été inventé auparavant est subitement devenu insignifiant au regard des avancées actuelles. Savez vous que sur les 3500 milliards de photos prises entre 1838 (date du premier cliché) et 2013, 10% l’on été en 2012 ? Effectivement, tout s’accélère et les innovations se succèdent à un rythme exponentiel.

C’est pour nous offrir une vision à 360° de cette transformation sociétale qu’Andrew McAFEE s’est associé à l’économiste Eric BRYNJOLFSSON, en intégrant la composante économique au cœur de cette problématique. Et c’est cet assemblage réussi qui confère à ce livre une valeur tout-à-fait singulière. Car les avancées technologiques actuelles ont un impact direct sur notre économie et sur nos futurs postes de travail. Nous constatons déjà que l’utopie d’hier de la gratuité des services a été comblée. Le coût de l’atome a été supplanté par la gratuité du bit. Inutile de décrire l’impact de ce changement de paradigme sur les modèles d’affaires de nos entreprises. Et si vous ne voyez pas à quoi je fais référence, alors allez interroger un chauffeur de taxi. Il pourra facilement vous expliquer les enjeux de l’ubérisation de notre société.

Une des contrepartie de cette course vers le progrès technologique et numérique est qu’un petit nombre de personnes peut créer à lui seul une énorme quantité de valeur avec très peu de ressources humaines. Si cela fait rêver certains entrepreneurs, il faut tout-de-même se poser la question de la répartition de la richesse qui a tendance à se (re)creuser entre les classe sociales, malgré le fait que le PIB n’ait jamais été aussi haut. Nos deux auteurs visionnaires nous proposent d’ailleurs quelques pistes de réflexion que nos politiciens devraient étudier avec intérêt.

Bien, il est temps pour vous de commander ce livre afin de préparer votre entrée dans le monde digital. Le voyage sera rapide et palpitant. Au gré des chapitres, vous visualiserez sans peine notre futur envahi par des voitures électriques autonomes, par des services à intelligente articifielle, par des systèmes de traduction de la voix en temps réel, par des médecins virtuels, par des ateliers de production équipés de robots collaboratifs,…

Et terminons par une phrase qui résume parfaitement cette transformation : « L’idée à plus de valeur que les choses, l’esprit l’emporte sur la matière, les bits sur les atomes, les interactions sur les transactions. »

DATA ENTREPRENEURS, LES RÉVOLUTIONNAIRES DU NUMÉRIQUE, par X. COMTESSE, J. HUANG et F. NÉMETI, aux éditions G d’Encre ****

data-entrepreneurs1Voici un livre « made in Swiss Romandie » écrit spécialement pour nos entrepreneurs locaux dans le but de leur expliquer les enjeux et les composantes de la digitalisation des entreprises.

En cette ère de l’échange d’information, les auteurs ont eu la présence d’esprit de mettre en pratique le travail collaboratif pour concevoir un ouvrage original tant sur la forme que sur le contenu. C’est ainsi qu’ils nous ont mis à disposition un livre parfaitement abouti et de grande valeur, disséquant la vague numérique sous différents angles de vue, sans manquer aucun élément clé.

C’est pour rester sur le sommet de cette vague que ce livre va nous apporter son assistance, en nous guidant dans nos réflexions et en nous stimulant dans la recherche de nouvelles opportunités de développement. Mais c’est surtout une solution rapide et idéale pour consolider nos connaissances sur les technologies digitales et sur le vocabulaire idoine, comme par exemple l’Internet des Objets, le Cloud Computing, l’Industrie 4.0, le Big Data, le Data Mining, le Data Analytics, le Data Lake, le Machine-Learning, l’Intelligence Artificielle, le Blockchain,… Bref, une vraie niche d’information digitale !

Ce livre  vous permettra aussi de mieux comprendre les nouveaux métiers qui se créent, comme l’avènement des Data Analystes et des Data Scientistes, mais également d’anticiper l’évolution de votre propre métier. Car il est temps de prendre les mesures nécessaires pour ne pas se laisser submerger par cette déferlante numérique qui s’abat sur nous.

Pour illustrer la théorie présentée dans cet ouvrage, les auteurs ont également mentionné de nombreux exemples pratiques appliqués dans des entreprises de référence. Ils ont aussi disséqué la stratégie numérique des grandes entreprises leader du marché, en analysant les impacts sur les différents domaines d’activités dans lesquels nous travaillons.

Finalement, comme ce livre s’adresse en priorité aux entrepreneurs, ces derniers trouveront une proposition de feuille de route bien utile pour lancer leur programme de transformation digitale.

Excellente lecture à vous !

INDUSTRIE 4.0 : LA QUATRIÈME RÉVOLUTION INDUSTRIELLE EST EN MARCHE !

Il est temps de parler du concept de l’Industrie 4.0 dans ce blog dédié à l’évolution de l’entreprise. Loin d’être un simple « buzzword », l’Industrie 4.0 fait référence à la 4ème révolution industrielle dans laquelle notre société est entrée depuis quelques années déjà.

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Si nous ne saisissons que partiellement les bouleversements qui s’opèrent autour de nous et qui vont prochainement déferler sur notre société, l’histoire les relatera certainement comme étant une évolution fulgurante et brutale. La raison de la difficulté de perception de ce changement d’ère vient principalement du fait qu’elle repose sur des fondamentaux intangibles, car c’est une révolution numérique. Personne ne manifeste dans les rues, il n’y a pas de nouvelles machines sur nos routes, pas de mutation accélérée de nos entreprises, pas de disparition massive de d’emplois,… ou du moins pas pour l’instant. Car nous voyons déjà apparaître dans nos vies des robots intelligents, des assistants portables, des voitures et des drones autonomes, des services clients à intelligence artificielle, des traducteurs vocaux en temps réel,… pour n’en citer que quelques-uns.

En fait, cette révolution industrielle et sociétale est celle du « tout connecté », interfaçant les humains, les machines, les objets et les systèmes, sur la base des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC). Cette explosion de l’échange d’information permettra de piloter des usines en temps réel grâce à la collaboration entre l’intelligence artificielle et l’humain.

Notre monde sera donc digitalisé et automatisé, pour le meilleur et/ou pour le pire. Mais comme la nature donne toujours un avantage aux systèmes complexes et adaptables, il est vain de lutter contre cette évolution naturelle. Il est préférable de chercher à la comprendre afin de l’influencer dans une direction bénéfique pour l’être humain. Et il faut rapidement penser à ce que vont devenir nos places de travail et notre qualité de vie. Sans compter que cette évolution technologique entre en parfaite résonnance avec une seconde transformation majeure de notre économie qui facilite drastiquement l’échange commercial et le transport international: la mondialisation. Il s’agit en fait d’un cocktail « explosif » qui aura des conséquences sociétales au moins aussi importantes que celles apportées par les derniers conflits mondiaux.

Mais avant d’entrer davantage dans cette réflexion, rappelons tout-de-même qu’elles ont été les précédentes révolutions industrielles illustrées sur l’image figurant en entête de cet article. La première fait référence à la mise au point de la machine à vapeur en 1763 par James Watt. La force musculaire a ainsi été remplacée par la force mécanique des machines, ce qui a permis l’éclosion des ateliers de production et le déplacement facilité des personnes et des marchandises par voie ferroviaire et maritime.

La seconde révolution industrielle est issue de l’usage de l’électricité dans les usines, ce qui a permis l’éclosion du travail à la chaine. Il a alors été possible de fabriquer de grandes quantités de biens matériels en série – à des prix accessibles à de plus en plus d’individus des différentes classes sociales – comme la fameuse Ford T dans les années 1908, grâce à la mise au point simultanée du moteur à explosion.

La troisième révolution est celle du transistor et de la naissance de l’informatique. Cette révolution est à l’origine des ordinateurs, des tablettes et autres smartphones qui sont maintenant en possession de chacun d’entre nous. Dans l’industrie, ce sont les automates programmables qui se sont diffusés à large échelle et qui ont permis d’atteindre un degré extrême de performance et de vitesse dans les processus industriels.

La quatrième et dernière révolution industrielle démultiplie les effets des innovations précédentes en interconnectant tous les systèmes entre eux, au travers de réseaux de communication locaux et mondiaux comme l’Internet, le 3G/4G, le WiFi, le Bluetooth ou encore l’Ethernet. Au niveau sociétal, rappelons que c’est la mise en relation des individus qui a généré l’intelligence collective humaine nous ayant porté au sommet de la pyramide alimentaire. Cette fois-ci, ce sera la collaboration avec les systèmes cyber-physiques et l’intelligence artificielle qui va asseoir notre position dominante, pour autant toutefois qu’ils ne prennent pas notre place. Ceci dit, même si un certain nombre d’êtres humains sont apeurés par une telle perspective, comme pour bien d’autres sujets d’ailleurs, il faut se rendre à l’évidence qu’il nous est impossible de lutter contre notre programmation génétique qui nous pousse au progrès et nous rend curieux de notre environnement et de notre futur.

La quatrième révolution industrielle est donc celle du cognitif, en opposition à la première révolution industrielle qui a été celle de la force physique.

Si certains pensent encore qu’il est exagéré de consacrer autant d’importance à cette révolution industrielle par rapport à toutes les précédentes inventions et évolutions de l’humanité – comme l’a été l’agriculture, la domestication des animaux, la poterie, la métallurgie, le textile, l’écriture, l’art ou encore les philosophies – il faut prendre conscience que toutes ces évolutions n’ont eu qu’un effet mineur sur la croissance de la population humaine même si elles représentent une étape et une base essentielle. En fait, la courbe exponentielle de l’évolution démographique se dresse au moment de la première révolution industrielle, lorsque la société a commencé à produire d’énormes quantités d’énergies.

Bien, mais quels seront les impacts concrets de cette quatrième révolution industrielle sur nos vies et sur nos industries ? Je tiens à dire, avant tout, qu’il ne faut pas la craindre puisque c’est la seule solution pour permettre à nos industries Européennes de rester compétitives dans le marché mondialisé, car notre parc industriel et notre main d’œuvre vieillissent rapidement. Il ne sera pas suffisant de faire venir des immigrés pour palier à ces manquements. Il faudra plutôt déléguer une grande partie des tâches pénibles et répétitives à des robots intelligents avec qui nous collaborerons. Un pan entier du concept de l’Industrie 4.0 est donc dévolu à la robotique et à l’automatisation des processus de fabrication. C’est dans ce contexte que le gouvernement allemand a lancé l’initiative « Industrie 4.0 » en 2011, copié ensuite par tous les pays industrialisés avec des noms de projets comme « Industrie 2025 » en Suisse ou « Smart Factory » aux USA.

Comme à l’ère de l’apparition des premières machines à vapeur et des premiers moteurs à explosion, ou encore des premiers ordinateurs, des postes de travail vont disparaître. C’est inévitable. Et ce seront les postes les plus routiniers et les moins qualifiés qui disparaîtront en premier, remplacés par des fonctions davantage réflexives et créatives, avec des personnes mieux qualifiées, sachant collaborer avec l’intelligence artificielle et les robots. La formation a donc un rôle crucial et urgent à jouer en préparant les prochaines générations à cette transformation sociétale.

En plus de cela, nos entreprises devront également s’adapter à la nouvelle donne énergétique, avec une production décentralisée et instable. Elles devront également se montrer agiles pour produire des biens à des performances maximales durant de courts laps de temps, ce d’autant plus que les batchs de production vont diminuer jusqu’à la fabrication unitaire. C’est inéluctable puisque les clients demandent maintenant des produits et des services sur mesure, habitué par l’offre des services digitaux qui répondent déjà à cette demande. Peut-être même que nous pourrons bientôt fabriquer nos biens personnalisés à la maison grâce aux imprimantes 3D, pour autant que les dernières barrières technologiques soient levées.

Que nos entreprises suisses ne ratent pas ce virage technologique et sociétal, ce d’autant plus que nous avons d’excellentes cartes en main pour jouer cette partie passionnante !

UN PALÉOANTHROPOLOGUE DANS L’ENTREPRISE, S’ADAPTER ET INNOVER POUR SURVIVRE, par P. PICQ, aux éditions EYROLLES ****

livrepicqentrepriseEn ces temps de croissance démographique soutenue et de globalisation accélérée, il est d’actualité de parler d’agilité et de flexibilité de nos entreprises qui sont confrontées à une concurrence de plus en plus accrue et à des ressources toujours plus limitées et coûteuses.

En fait, nous sommes entrés dans une nouvelle phase de sélection naturelle résultant principalement des activités énergivores de nos sociétés modernes. Avec notre regard d’être humain, nous pourrions voir cette fuite en avant comme étant menaçante pour la survie de notre espèce et de celles qui nous côtoient. Toutefois, en élargissant notre point de vue à l’échelle planétaire, nous pouvons constater qu’il s’agit simplement d’un chapitre de l’histoire de la vie terrestre, dans un livre comportant des millions de pages. Et dans ce chapitre, l’entreprise ne représente qu’une toute petite ligne faisant référence aux groupes d’individus d’homo sapiens collaborant ensemble pour mener à bien un projet commun, à l’instar des colonies de fourmis, des meutes de loups ou encore des troupeaux de bisons.

C’est fort de cette vision que je me suis rappelé de l’aventure de Charles DARWIN sur le HS Beagle, parcourant le monde entier sur un trois mats durant plus de quatre ans, étudiant avec passion et minutie tout ce que la nature a créé autour de nous. Grâce à son sens de l’observation aigu, à sa curiosité assidue et à sa méthodologie de classification pointue, il a réussi à nous proposer une théorie expliquant en grande partie les mécanismes de la vie. Reliant les retombées de cette aventure exaltante à celles de nos entreprises contemporaines, je me suis demandé comment transposer les mécanismes de l’évolution à la gestion de l’entreprise, pour rendre cette dernière plus robuste et davantage pérenne dans son environnement évolutif. C’est par cette réflexion que je suis tombé sur ce magnifique essai rédigé par Pascal PICQ, «Un paléoanthropologue dans l’entreprise: s’adapter et innover pour survivre». N’est-ce pas le titre parfait pour mener une telle réflexion ?

Pascal PICQ est paléoanthropologue au Collège de France et s’intéresse depuis longtemps à l’entreprise. Il est auteur de nombreux ouvrages de référence et plusieurs de ses conférences sont disponibles sur la toile. Et pour ceux qui ne connaissent pas vraiment la théorie de Darwin, je vous propose de lire un livre du même auteur, vulgarisant parfaitement ce thème dans un langage simple et clairvoyant: «Darwin et l’évolution expliqués à nos petits-enfants». Ne vous focalisez pas sur le titre, il s’agit bien d’une lecture pour adulte dont le titre s’apparente simplement à la collection « expliqué à », dont l’approche pédagogique est remarquable. Ne vous économisez pas d’une telle lecture, car cette théorie est bien souvent mal comprise et mal interprétée. L’erreur habituelle consistant à croire qu’il y a une théorie de l’évolution, alors qu’en fait il s’agit d’un corpus de différentes théories des sciences de la vie, de la Terre, de l’espace et de l’homme. Ces théories permettant d’expliquer de manière de plus en plus précise les mécanismes de la vie sur terre, au grés des avancées de la recherche scientifique.

Dans «Un paléoanthropologue dans l’entreprise», vous aller comprendre comment établir des ponts entre les mécanismes de la vie et ceux de l’entreprise. Le mot central étant «l’adaptabilité». Ce terme est bien plus puissant que «l’agilité» souvent utilisé dans les théories organisationnelles actuelles. En fait, l’adaptabilité ne désigne pas uniquement une caractéristique de fonctionnement, comme c’est le cas pour l’agilité, mais englobe en plus le but de survie du sujet dans son écosystème. L’agilité ne sera par exemple pas nécessaire à toutes les entreprises selon l’environnement dans lequel elles évoluent, alors que l’adaptabilité est universelle à toute situation. Pour illustrer cela, nous pourrions parler de certaines entreprises étatiques qui n’ont pas besoin d’évoluer rapidement dans leur environnement puisqu’elles se trouvent protégées dans la sphère de l’état, devant simplement surveiller une éventuelle vente au domaine privé, ce qui les feraient alors basculer dans un environnement davantage évolutif et réactif.

Cet ouvrage vous ouvrira l’esprit sur les mécanismes de la compétitivité de nos entreprises et sur les besoins d’innover pour se maintenir en course, à l’image de ce que vivent les espèces vivantes. Et comme vous le savez, nous vivons sur une terre ou les êtres vivants sont en compétition pour se nourrir ou pour éviter de se faire manger. Néanmoins, certains mécanismes moins violents ont été générés par la nature, notamment au travers de la co-adaptation par co-opération. C’est rassurant, non? En fait, si l’homme a inventé le concept de l’entreprise collaborative 2.0, c’est la nature qui a inventé le concept de l’évolution 2.0 bien avant notre apparition sur terre. Prenons l’exemple de nos pâturages qui fonctionnement sur ce mode collaboratif entre animaux, insectes et plantes, dont le meilleur acteur n’est autre que l’abeille. En se nourrissant du polen des plantes qu’elle butine, elle favorise la pollinisation des plantes et permet à certains mammifères de se nourrir du miel sucré et prébiotique qu’elle fabrique. Un bel échange collaboratif qui assure une meilleure survie à tous… jusqu’à l’invention des pesticides par l’être humain…

Si ces systèmes de co-opération se montrent généralement plus performant que d’autres, c’est qu’ils permettent de mieux gérer la complexité grandissante de la vie sur terre. Et plus les système se complexifient, plus ils prennent l’avantage sur les structures moins complexes. Dans cette prospective, vous découvrirez alors la signification de la course de la «Reine Rouge». Il n’y a aucun lien avec le «Roi Vert» de Paul-Loup SULIZER, même si ce roman pourrait servir de réflexion aux facteurs de chance et d’adaptabilité de l’humain dans son environnement. Non, la course de la «Reine Rouge» fait référence à la dame de cœur dans «Alice au pays des merveilles», dans la scène «De l’autre côté du miroir». Alice court sans avoir l’impression d’avancer, car le paysage la suit. Elle s’adresse alors à la dame de cœur, la Reine Rouge, qui lui répond que dans ce pays il faut courir le plus vite possible pour rester à sa place. Ceci ne vous rappelle pas la situation de nos entreprises ?

Dans cette course à la Reine Rouge, il est intéressant de comprendre comment les espèces répondent à la sélection naturelle et sexuelle. Ce ne sont pas les plus forts qui gagnent, comme l’a dit DARWIN, mais ceux qui s’adaptent le mieux. Le succès revenant à l’espèce et non-pas aux individus. Car tout est fait pour que ce soit les gènes qui se perpétuent. Et pour que l’espèce survive, ou disons plutôt les gènes, il faut faire preuve d’une bonne diversité biologique. On parle de variabilité de l’espèce. Ensuite, le mécanisme de sélection permettra aux plus adaptés de poursuivre leur course à la survie, dans un cycle évolutif, l’espèce devant à chaque fois assurer sa variabilité.

Ramené au niveau de l’entreprise, ceci veut dire qu’il faut incorporer des profils divers et variés faisant émerger des entités et des modes de fonctionnement multiples. Les meilleures branches pourront ainsi survivre aux événements internes et externes, alors que les branches condamnées seront sciées pour permettre de chauffer les locaux durant les hivers glaciaux. L’arbre grandissant, de nouvelles branches vont apparaître et le cycle de sélection se perpétuera d’année en année, pouvant ainsi éliminer une branche qui était pourtant prometteuse quelques années auparavant.

Ce livre m’a encore permis de trouver des arguments solides pour faire taire les responsables qui se contentent d’appliquer des méthodes à succès sans les adapter aux spécificités de leur entreprise, par économie de réflexion. En effet, rien n’est plus faux que d’appliquer des méthodes prédéfinies dans son propre environnement, car chaque situation est singulière. Ne croyez pas à l’adage populaire qui dit «On ne change pas une équipe qui gagne». C’est la mort assurée! Car la compétition s’adapte très vite et votre technique/produit « révolutionnaire » sera vite copié puis contré. On le constate facilement dans le domaine du sport, ou mieux encore lors des conflits militaires majeurs comme par exemple durant la deuxième guerre mondiale. A cette époque, les allemands avaient failli conquérir le monde avec une nouvelle technique de guerre, la Blitz Crieg. Or, deux ans après la mise en œuvre de cette technique novatrice, les allemands se sont fait totalement dépassé par leurs ennemis qui ont non seulement adopté cette technique, mais qui l’ont surtout considérablement améliorée. Nous connaissons tous la suite de cette histoire.

Sur un autre registre, il est crucial de comprendre qu’une espèce, tout comme une entreprise, n’évolue jamais seule, mais avec sa communauté écologique. En fait, on ne vit jamais aussi bien qu’avec ses concurrents! S’ils disparraissent, nous sommes en grand danger. Pas de concurrence, pas de marché! Dans une telle situation, le risque est considérable d’être supplanté par d’autres produits/solutions totalement différents.

Pour terminer, ne soyez pas étonnés si les références mentionnées dans ce livre sont très franco-francaises. Vous pourrez néanmoins établir des parallèles avec les spécificités de votre pays respectifs sur la base des comparaisons que l’auteur effectue entre la France et les USA. D’un regard Darwinien, il est d’ailleurs très intéressant de constater que les USA laissent davantage s’exprimer la sélection naturelle, laissant mourir presque sans scrupule les bourgeons condamnés de l’arbre, alors que le protectionnisme français tend a maintenir artificiellement en vie les branches fragiles de celui-ci.

Ceci dit, sachez que la lecture des 256 pages de ce livre vous demandera un certain effort, car Pascal PICQ a utilisé un langage universitaire dont l’accès n’est pas aisé pour les non-initiés. Néanmoins, équipé d’une tablette et d’un bon moteur de recherche, j’ai quand même réussi à ne pas rester bloqué sur des mots et des sujets qui m’étaient alors inconnus. Ce livre se mérite et c’est ce qui me rend heureux de l’avoir lu et apprécié!