Archive for the ‘Innovation’ Category

TESTING BUSINESS IDEAS, par David J. BLAND et Alex OSTERWALDER, aux éditions WILEY ***

Ce livre en version anglaise complète la génialissime série Strategyzer avec son Business Model Generation et son Value Proposition Design, dont le succès planétaire n’est plus à démontrer!

Pour rappel, le Value Proposition Canvas est une méthode permettant de mettre en résonance le profil du client (son activité, les problèmes qu’il souhaite voir disparaître, les bénéfices qu’il souhaite obtenir) avec la description de la proposition de valeur que l’entreprise désire mettre sur le marché (description du produit/service, les solutions qui soulageront les problèmes du client puis les éléments qui créeront les bénéfices escomptés par le client).

Value Proposition Canvas

Pour ce qui est du Business Model Generation, il propose un canevas de neuf blocs permettant de représenter visuellement la proposition de valeur du produit/service, la cible client, les canaux de communication, les relations client et les flux de revenus attendus, pour ce qui est de la partie offre. La seconde partie de ce canevas illustre comment cette proposition de valeur est construite, en identifiant les ressources et les activités clés, les partenariats clés ainsi que la structure de coûts nécessaire.

C’est en fixant ce canevas au format A0 sur le mur d’une salle, entouré d’une équipe pluridisciplinaire et armé de blocs de post-it de différentes couleurs, que l’on pourra extraire toute la valeur de cette méthode lors de la phase d’idéation d’un nouveau service ou produit.

Business Model Canvas

Le Testing Business Ideas a, quant à lui, pour objectif de compléter ces deux précédentes démarches en proposant une méthode pour tester rapidement et efficacement les idées business, de manière contrôlée et structurée, tout en diminuant rapidement l’incertitude et le risque liés à cette idée en faisant intervenir le client/utilisateur le plus rapidement et pertinemment possible.

Testing Business Ideas process

Comme à son habitude, Strategyzer a admirablement bien illustré et designé ce cahier afin de nous offrir une lecture agréable et inspirante. Et parmi tous les conseils avisés et les outils exposés, vous y trouverez surtout 44 méthodes permettant de tester vos idées business!

Chaque idée étant illustrée puis détaillée avec les différentes étapes de mise en œuvre, en identifiant les coûts spécifiques, les ressources nécessaires, le temps de mise en œuvre et d’exécution requis ainsi que le degré de précision de la méthode. Une étude de cas réelle complète généralement le chapitre.

C’est donc un livre qu’il faut absolument poser sur son étagère afin de pouvoir rapidement y accéder lorsque l’on doit proposer des méthodes de test de son idée d’affaire. Je recommande ce livre à tous les entrepreneurs, startupers et autres créateurs de business!

IoT, L’ÉMANCIPATION DES OBJETS, par F. NÉMETI, G. PAULETTO, D. DUAY ET X. COMTESSE, aux éditions G D’ENCRE ***

internet-of-things-emancipation-des-objetsJe tiens à recommander la lecture de cet ouvrage pour deux raisons. La première, c’est qu’il s’agit d’un livre rédigé et imprimé localement, estampillé d’un label Suisse romand. La seconde, c’est en raison de son contenu riche en information, transcrivant tout ce qu’il est nécessaire de savoir sur la thématique de l’IoT (Internet of Things en anglais, soit Internet des Objets en français). C’est le livre idéal pour l’entrepreneur qui souhaite maîtriser rapidement les fondamentaux de cette thématique, avec la mise à disposition d’une feuille de route pertinente pour l’accompagner dans la transformation de son organisation.

Ce livre est en fait le quatrième opus d’une série dédiée à l’évolution de la manufacture, aux leviers de croissance offerts par l’ère du numérique, à la compréhension du pouvoir des data et finalement à l’émergence de l’Internet des Objets.

Pour ceux qui ne le savent pas encore, l’IoT fait référence à ce que nous voyons se développer tout autour de nous, avec des objets connectés qui exécutent des tâches de plus en plus complexes et intelligentes. Les objets peuvent être connectés à travers Internet, via des plateformes informatiques distantes, mais également reliés directement entre eux par des connections filaires ou hertziennes.

L’objet connecté de référence n’est autre que notre smartphone qui embarque un grand nombre de capteurs et d’interfaces, capable d’effectuer lui-même une quantité incalculable de fonctions et de services. Mais bien plus largement, chaque objet de notre monde actuel est en train d’être évalué pour savoir comment il pourrait générer davantage de valeur en lui ajoutant des fonctionnalités connectées. C’est le cas des voitures, des téléviseurs, des machines à café, des machines à laver, des réfrigérateurs, des lunettes ou encore des montres, pour n’en citer qu’une petite partie. On parle en fait de plusieurs dizaines de milliards d’objets qui seront connectés dans un horizon de quelques années seulement. Mieux vaut donc se préparer à cette déferlante annoncée!

En fait, nous avons affaire à un progrès technologique majeur qui est en train de modifier considérablement nos habitudes de vie, tout comme l’a fait l’électricité, l’automobile, la télévision ou encore l’informatique.

Même si les idées les plus folles peuvent être maintenant réalisées, ce sont bien les innovations qui apporteront une réelle plus-value qui résisteront au verdict des usagers qui souhaitent se faciliter la vie et se débarrasser des tâches répétitives.

Si certains objets sont en interaction directe avec l’homme, la plus grande partie des objets communiqueront directement entre eux, échappant ainsi à notre attention. Cet échange inter-objet représentera même la plus grande consommation de données qui transitera dans les airs et dans les réseaux câblés.

Dans ce livre, vous comprendrez non seulement les enjeux de cette transformation digitale qui s’oriente vers un monde totalement connecté, mais vous recevrez également un excellent aperçu des briques technologiques qui le compose, comme le fonctionnement et l’utilité des capteurs, des réseaux, des données, des plateformes cloud, de l’intelligence artificielle, du blockchain ou encore du big data. Vous y trouverez encore des comparatifs entre les différentes technologies existantes et les principaux acteurs de ce secteur d’activités, sans oublier de se référer à ce qui se passe de l’autre côté des océans Atlantique et Pacifique.

Naturellement, le domaine de la santé est largement abordé dans cet ouvrage puisqu’il touche à la fois un élément central de nos préoccupations vitales et un pan entier de notre économie qui va être bouleversé par la déferlante de l’IoT. En effet, une médecine largement automatisée se profile devant nous avec l’utilisation de l’intelligence artificielle pour traiter des milliards de données issues à la fois des patients et des bases de connaissance mondiales. Cette intelligence sera capable de fournir des diagnostics quasi instantanés depuis n’importe quel endroit de la planète et à n’importe quel moment. Les données nécessaires au bon fonctionnement de cette médecine complémentaire seront abondamment complétées par celles qui proviendront de nos bracelets connectés et des capteurs qui se logeront progressivement dans notre corps.

Ne se contentant pas de décrire et d’expliquer ce que nous pourrions constater par nous-mêmes, les auteurs de ce remarquable ouvrage nous font part de leurs prédictions concernant l’évolution de ce monde connecté. Ils se positionnent sur le devenir de la montre connectée, des vêtements connectés, de la réalité augmentée et virtuelle, du développement des smart cities, de la voiture connectée, des bots ou encore de la disparition annoncée des serrures. C’est un voyage qu’il vaut la peine de partager avec eux et durant lequel j’ai souvent reconnu la griffe de X. COMTESSE qui n’est pas à son premier coup d’essai dans ce thème qu’il maitrise à la perfection.

Bref, vous l’aurez compris, l’innovateur suisse romand que vous êtes se doit d’habiller sa bibliothèque de ce bel ouvrage!

MAKERS, LA NOUVELLE RÉVOLUTION INDUSTRIELLE, par CH. ANDERSON, aux éditions PEARSON ***

00153_thumb2_220x244Derrière le mouvement Makers se cache la seconde vague de la révolution digitale qui s’approche de nous à grande vitesse, en charriant les bouleversements du monde de l’informatique vers celui du monde des biens matériels.

Ce transbordement des pratiques du bit vers celui de l’atome aura un impact colossal sur notre société, puisque l’économie tangible est cinq fois plus grande que celle de l’intangible.

Ce phénomène est rendu possible par la combinaison de deux éléments. Le premier est la capacité de représenter des objets par des fichiers informatiques contenant toutes les caractéristiques intrinsèques de l’objet, alors que le second est relatif à l’accessibilité des machines de fabrication additive qui permettent à tout un chacun de confectionner un objet à partir d’un fichier informatique.

Chris Anderson, auteur de cet ouvrage captivant et rédacteur en chef du fameux magazine Wired, prédit que « […] fabriquer des objets, chez soi comme à son bureau, va rapidement devenir aussi courant que de retoucher des photos… ». Il relève que l’impression 3D est actuellement au stade de l’imprimante matricielle des années 80 et que son évolution sera tout aussi fulgurante, avec une qualité d’impression comparable à ce que nos imprimantes papier sont actuellement capables de faire. D’ailleurs, les grands groupes internationaux s’y préparent en attendant patiemment la démocratisation de ce moyen de production avant de pouvoir inonder le marché de leurs équipements à bas prix, répliquant le modèle d’affaires des imprimantes laser et à jet d’encre actuelles.

Mais pourquoi parler des Makers dans cette évolution sociétale? Et bien parce que ces pionniers – passionnés de nouvelles technologies – contribuent fortement à l’accélération de cette transition numérique en investissant une grande partie de leur temps libre pour découvrir, tester et mettre au point de nouvelles technologies et pratiques. Les Makers d’aujourd’hui sont, en fait, les héritiers des inventeurs et des bricoleurs d’hier, disposant toutefois d’un terrain de jeux élargi grâce aux capacités collaboratives de l’Internet et grâce à l’accès facilité aux hautes technologies de fabrication numérique qui sont maintenant devenues accessibles à tous.

Par cette évolution technologique, la capacité de produire des biens pourra revenir en partie dans les mains des particuliers et ne restera pas uniquement dans celles des grandes familles d’industriels. C’est ainsi que les barrières de production et de commercialisation des biens physiques diminueront pour ouvrir le marché à de plus en plus d’acteurs. Mais attention, il ne faut pas croire que la fabrication de masse va disparaître! En plus d’être totalement irréaliste, cela serait préjudiciable puisque la production de masse a pour effet d’abaisser le prix des biens communs et de les rendre accessibles au plus grand nombre. Sans compter que la production de masse apporte une amélioration continue de la qualité des produits et de la chaine d’approvisionnement, en limitant les défauts et les rebus.

Néanmoins, produire soi-même ses biens permet de les rendre uniques et adaptés nos besoins personnels. Notre implication dans la fabrication de nos objets contribue même à nous rendre davantage soigneux et respectueux, nous incitant à les garder plus longtemps, développant ainsi une attitude écoresponsable digne de notre époque.

Demain, nous fabriquerons donc nous-même ce que l’on ne pourra pas trouver au super marché, mais continuerons de nous y rendre pour y acheter les produits communs.

Dans ce livre, Chris Anderson ne se contente pas de décrire les principes théoriques du mouvement Makers et de la révolution industrielle qui nous traverse. Il nous donne également des exemples concrets de création de nouveaux modèles d’affaires et nous explique de manière détaillée quels outils technologiques supportent cette évolution. L’auteur défend aussi les vertus de l’open source qui fait partie intégrante de l’esprit Makers et qui consiste à donner librement son savoir dans l’espoir d’en obtenir davantage en retour. Avec l’open source, on peut certes se faire copier plus vite – puisque tout ce que nous faisons est publié – mais en contre partie on peut innover beaucoup plus rapidement puisque nous recevons de l’aide gratuite et pertinente de la part d’un très grand nombre de personnes dévouées et compétentes. L’élément commercial différenciateur étant le service et la communauté d’utilisateurs que l’on pourra créer autour du produit que l’on propose.

Voilà, c’est maintenant à votre tour de vous lancer dans cette lecture passionnante qui vous ouvrira l’esprit sur les possibilités de la révolution technologique et numérique dans laquelle notre société s’est engagée. Prenons notre avenir en main et devenons tous des Makers!

 

LA RÉVOLUTION INDUSTRIELLE, 1770-1880, par J.-P. RIOUX, aux éditions du Seuil ***

124324_couverture_hres_0Il semble que les informaticiens et autres consultants en tout genre soient subitement devenus des experts de la révolution industrielle, portés le buzz de l’Industrie 4.0. Aucun mal à cela, à condition qu’ils connaissent leur sujet et qu’ils évitent de répéter bêtement des banalités souvent inexactes!

C’est pour cette raison que je vous propose de lire ce livre d’histoire passionnant, écrit par un ancien directeur de recherche du CNRS, Jean-Pierre RIOUX. Dans un langage accessible à tous, l’auteur nous explique comment nos économies ont vécu cette profonde mutation de productivité à l’âge de la révolution industrielle, se libérant de la force physique puis en multipliant la production des biens et des services.

Dans ce voyage à une époque pas si ancienne que cela, nous nous ferons une idée des différents chemins empruntés par nos nations respectives. Le périple de l’âge moderne commence en Angleterre à la fin du XVIIIème siècle, à une période où l’Europe domine le monde par ses capitaux, ses hommes et ses techniques. Dans ce contexte, la révolution industrielle naissante est une révolution technique. Celle du charbon, de la vapeur et de la mécanique. C’est LA révolution industrielle qui donnera naissance aux trois suivantes. La seconde révolution industrielle est quant à elle associée à  l’invention de l’électricité, du pétrole et du moteur à explosion. La troisième est celle de l’informatique et de l’énergie nucléaire, alors que la quatrième est celle de l’interconnexion des systèmes cyberphysiques.

Mais attention, les historiens ne sont pas des marqueteurs! Consciencieux et soucieux du détails, ils discutent encore de la pertinence d’identifier une seconde, une troisième ou encore une quatrième révolution industrielle, puisque chacune d’elles se trouve être une continuité de la première. Notre écosystème devenant tellement complexe et interconnecté, il est effectivement très difficile de faire abstraction de tous les paramètres influençant cette révolution continue, que ce soit au travers de l’évolution des facteurs économiques, des progrès de l’agriculture, de l’évolution de la démographie, de l’amélioration de la santé, du changement des systèmes politiques ou encore de l’éruption des catastrophes. Il ne faudra donc pas se limiter à une vision linéaire de la révolution industrielle, mais bel et bien à une imbrication complexe de facteurs multiples et interactifs.

Pour ceux qui aiment comprendre et comparer la compétitivité de nos nations respectives, ce livre nous offre également un regard original sur la gestion des changements et sur l’adoption des nouvelles technologies par de nombreux pays comme l’Angleterre, la France, l’Allemagne, les Etats-Unis, la Suisse et la Belgique. Ceci permettra à chacun de nous de s’identifier dans son contexte historique.

Au fil des pages et des chapitres, on comprendra qui ont été les principaux catalyseurs de cette révolution, avec le rôle clé de l’agriculture, de l’industrie du textile, de la sidérurgie, de la disponibilité des capitaux, de l’influence culturelle, des règles commerciales ou encore des politiques de taxation des biens et du travail. Vous allez ainsi plonger dans cette époque bouillonnante de la première révolution industrielle, fixant votre regard dans les ateliers textiles anglais, dans les sidérurgies allemandes, dans les mines belges, sur les voies de chemin de fer américaines ou encore dans les fermes agricoles françaises.

Et contrairement à ce qui a été écrit par de nombreuses personnes issues du monde technologique, ce livre démontre que ce n’est pas la révolution industrielle qui est à l’origine de la croissance démographique, mais plutôt la baisse du taux de mortalité et le manque de main d’œuvre disponible pour produire des biens en masse. La révolution industrielle est donc une réponse à une forte demande de croissance démographique. Mais naturellement, une fois le cycle initié, la technologie a fini par porter et favoriser cette croissance accélérée.

Je terminerai ce compte rendu par une pensée reconnaissante pour l’ouvrier qui a largement contribué à l’industrialisation de nos sociétés, en fournissant un travail acharné dans des conditions difficiles et ingrates. Il a été à la fois une pièce maitresse du progrès et son serviteur inconsidéré. C’est la victime de la loi naturelle du capitalisme en expansion. Néanmoins, par son action, il a offert une vie meilleure à ses enfants qui récoltent aujourd’hui une bonne partie des fruits qu’il a semé. Merci!

LE DEUXIÈME ÂGE DE LA MACHINE, TRAVAIL ET PROSPÉRITÉ À L’HEURE DE LA RÉVOLUTION TECHNOLOGIQUE, par E. BRYNJOLFSSON et A. McAFEE, aux éditions ODILE JACOB ****

978273813306951-dhsew-ql__sy344_bo1204203200_Si vous ne deviez lire qu’un seul livre concernant la quatrième révolution industrielle, alors c’est sans aucune doute celui-ci qu’il vous faudra acquérir, que ce soit dans sa version originale anglaise ou dans sa traduction française.

Andrew McAFEE, l’un des deux co-auteurs de ce livre, dirige le département de recherche du Center for Digital Business du MIT. C’est l’un des plus grands connaisseur et visionnaire des nouvelles technologies, déjà précurseur du concept de l’entreprise 2.0.

Et comme les grands esprits ont toujours une guerre d’avance, il ne s’est pas contenté d’écrire un livre technologique sur l’Industrie 4.0. Il s’est positionné au-dessus de la mêlée en faisant référence au deuxième âge de la machine, c’est-à-dire à la dominance confirmée de l’ordinateur sur la machine mécanique. Car, comme il le démontre, la révolution numérique que nous vivons actuellement est une simple continuité de la première révolution industrielle du 18ème siècle. Le dénominateur commun étant l’énergie. C’est bien elle qui nous permet de vivre plus longtemps, de se déplacer plus rapidement, de favoriser les échanges commerciaux, d’avoir du temps pour innover et pour échanger de l’information. Et l’information c’est de l’énergie, celle que nous dépensons pour la créer et celle nécessaire à l’alimentation électrique des data centers qui permettent le transit et l’interprétation des données.

Cet apport d’énergie colossal a fait entrer notre humanité dans l’ère de l’exponentiel. Tout ce qui a été inventé auparavant est subitement devenu insignifiant au regard des avancées actuelles. Savez vous que sur les 3500 milliards de photos prises entre 1838 (date du premier cliché) et 2013, 10% l’on été en 2012 ? Effectivement, tout s’accélère et les innovations se succèdent à un rythme exponentiel.

C’est pour nous offrir une vision à 360° de cette transformation sociétale qu’Andrew McAFEE s’est associé à l’économiste Eric BRYNJOLFSSON, en intégrant la composante économique au cœur de cette problématique. Et c’est cet assemblage réussi qui confère à ce livre une valeur tout-à-fait singulière. Car les avancées technologiques actuelles ont un impact direct sur notre économie et sur nos futurs postes de travail. Nous constatons déjà que l’utopie d’hier de la gratuité des services a été comblée. Le coût de l’atome a été supplanté par la gratuité du bit. Inutile de décrire l’impact de ce changement de paradigme sur les modèles d’affaires de nos entreprises. Et si vous ne voyez pas à quoi je fais référence, alors allez interroger un chauffeur de taxi. Il pourra facilement vous expliquer les enjeux de l’ubérisation de notre société.

Une des contrepartie de cette course vers le progrès technologique et numérique est qu’un petit nombre de personnes peut créer à lui seul une énorme quantité de valeur avec très peu de ressources humaines. Si cela fait rêver certains entrepreneurs, il faut tout-de-même se poser la question de la répartition de la richesse qui a tendance à se (re)creuser entre les classe sociales, malgré le fait que le PIB n’ait jamais été aussi haut. Nos deux auteurs visionnaires nous proposent d’ailleurs quelques pistes de réflexion que nos politiciens devraient étudier avec intérêt.

Bien, il est temps pour vous de commander ce livre afin de préparer votre entrée dans le monde digital. Le voyage sera rapide et palpitant. Au gré des chapitres, vous visualiserez sans peine notre futur envahi par des voitures électriques autonomes, par des services à intelligente articifielle, par des systèmes de traduction de la voix en temps réel, par des médecins virtuels, par des ateliers de production équipés de robots collaboratifs,…

Et terminons par une phrase qui résume parfaitement cette transformation : « L’idée à plus de valeur que les choses, l’esprit l’emporte sur la matière, les bits sur les atomes, les interactions sur les transactions. »

DATA ENTREPRENEURS, LES RÉVOLUTIONNAIRES DU NUMÉRIQUE, par X. COMTESSE, J. HUANG et F. NÉMETI, aux éditions G d’Encre ****

data-entrepreneurs1Voici un livre « made in Swiss Romandie » écrit spécialement pour nos entrepreneurs locaux dans le but de leur expliquer les enjeux et les composantes de la digitalisation des entreprises.

En cette ère de l’échange d’information, les auteurs ont eu la présence d’esprit de mettre en pratique le travail collaboratif pour concevoir un ouvrage original tant sur la forme que sur le contenu. C’est ainsi qu’ils nous ont mis à disposition un livre parfaitement abouti et de grande valeur, disséquant la vague numérique sous différents angles de vue, sans manquer aucun élément clé.

C’est pour rester sur le sommet de cette vague que ce livre va nous apporter son assistance, en nous guidant dans nos réflexions et en nous stimulant dans la recherche de nouvelles opportunités de développement. Mais c’est surtout une solution rapide et idéale pour consolider nos connaissances sur les technologies digitales et sur le vocabulaire idoine, comme par exemple l’Internet des Objets, le Cloud Computing, l’Industrie 4.0, le Big Data, le Data Mining, le Data Analytics, le Data Lake, le Machine-Learning, l’Intelligence Artificielle, le Blockchain,… Bref, une vraie niche d’information digitale !

Ce livre  vous permettra aussi de mieux comprendre les nouveaux métiers qui se créent, comme l’avènement des Data Analystes et des Data Scientistes, mais également d’anticiper l’évolution de votre propre métier. Car il est temps de prendre les mesures nécessaires pour ne pas se laisser submerger par cette déferlante numérique qui s’abat sur nous.

Pour illustrer la théorie présentée dans cet ouvrage, les auteurs ont également mentionné de nombreux exemples pratiques appliqués dans des entreprises de référence. Ils ont aussi disséqué la stratégie numérique des grandes entreprises leader du marché, en analysant les impacts sur les différents domaines d’activités dans lesquels nous travaillons.

Finalement, comme ce livre s’adresse en priorité aux entrepreneurs, ces derniers trouveront une proposition de feuille de route bien utile pour lancer leur programme de transformation digitale.

Excellente lecture à vous !

INDUSTRIE 4.0 : LA QUATRIÈME RÉVOLUTION INDUSTRIELLE EST EN MARCHE !

Il est temps de parler du concept de l’Industrie 4.0 dans ce blog dédié à l’évolution de l’entreprise. Loin d’être un simple « buzzword », l’Industrie 4.0 fait référence à la 4ème révolution industrielle dans laquelle notre société est entrée depuis quelques années déjà.

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Si nous ne saisissons que partiellement les bouleversements qui s’opèrent autour de nous et qui vont prochainement déferler sur notre société, l’histoire les relatera certainement comme étant une évolution fulgurante et brutale. La raison de la difficulté de perception de ce changement d’ère vient principalement du fait qu’elle repose sur des fondamentaux intangibles, car c’est une révolution numérique. Personne ne manifeste dans les rues, il n’y a pas de nouvelles machines sur nos routes, pas de mutation accélérée de nos entreprises, pas de disparition massive de d’emplois,… ou du moins pas pour l’instant. Car nous voyons déjà apparaître dans nos vies des robots intelligents, des assistants portables, des voitures et des drones autonomes, des services clients à intelligence artificielle, des traducteurs vocaux en temps réel,… pour n’en citer que quelques-uns.

En fait, cette révolution industrielle et sociétale est celle du « tout connecté », interfaçant les humains, les machines, les objets et les systèmes, sur la base des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC). Cette explosion de l’échange d’information permettra de piloter des usines en temps réel grâce à la collaboration entre l’intelligence artificielle et l’humain.

Notre monde sera donc digitalisé et automatisé, pour le meilleur et/ou pour le pire. Mais comme la nature donne toujours un avantage aux systèmes complexes et adaptables, il est vain de lutter contre cette évolution naturelle. Il est préférable de chercher à la comprendre afin de l’influencer dans une direction bénéfique pour l’être humain. Et il faut rapidement penser à ce que vont devenir nos places de travail et notre qualité de vie. Sans compter que cette évolution technologique entre en parfaite résonnance avec une seconde transformation majeure de notre économie qui facilite drastiquement l’échange commercial et le transport international: la mondialisation. Il s’agit en fait d’un cocktail « explosif » qui aura des conséquences sociétales au moins aussi importantes que celles apportées par les derniers conflits mondiaux.

Mais avant d’entrer davantage dans cette réflexion, rappelons tout-de-même qu’elles ont été les précédentes révolutions industrielles illustrées sur l’image figurant en entête de cet article. La première fait référence à la mise au point de la machine à vapeur en 1763 par James Watt. La force musculaire a ainsi été remplacée par la force mécanique des machines, ce qui a permis l’éclosion des ateliers de production et le déplacement facilité des personnes et des marchandises par voie ferroviaire et maritime.

La seconde révolution industrielle est issue de l’usage de l’électricité dans les usines, ce qui a permis l’éclosion du travail à la chaine. Il a alors été possible de fabriquer de grandes quantités de biens matériels en série – à des prix accessibles à de plus en plus d’individus des différentes classes sociales – comme la fameuse Ford T dans les années 1908, grâce à la mise au point simultanée du moteur à explosion.

La troisième révolution est celle du transistor et de la naissance de l’informatique. Cette révolution est à l’origine des ordinateurs, des tablettes et autres smartphones qui sont maintenant en possession de chacun d’entre nous. Dans l’industrie, ce sont les automates programmables qui se sont diffusés à large échelle et qui ont permis d’atteindre un degré extrême de performance et de vitesse dans les processus industriels.

La quatrième et dernière révolution industrielle démultiplie les effets des innovations précédentes en interconnectant tous les systèmes entre eux, au travers de réseaux de communication locaux et mondiaux comme l’Internet, le 3G/4G, le WiFi, le Bluetooth ou encore l’Ethernet. Au niveau sociétal, rappelons que c’est la mise en relation des individus qui a généré l’intelligence collective humaine nous ayant porté au sommet de la pyramide alimentaire. Cette fois-ci, ce sera la collaboration avec les systèmes cyber-physiques et l’intelligence artificielle qui va asseoir notre position dominante, pour autant toutefois qu’ils ne prennent pas notre place. Ceci dit, même si un certain nombre d’êtres humains sont apeurés par une telle perspective, comme pour bien d’autres sujets d’ailleurs, il faut se rendre à l’évidence qu’il nous est impossible de lutter contre notre programmation génétique qui nous pousse au progrès et nous rend curieux de notre environnement et de notre futur.

La quatrième révolution industrielle est donc celle du cognitif, en opposition à la première révolution industrielle qui a été celle de la force physique.

Si certains pensent encore qu’il est exagéré de consacrer autant d’importance à cette révolution industrielle par rapport à toutes les précédentes inventions et évolutions de l’humanité – comme l’a été l’agriculture, la domestication des animaux, la poterie, la métallurgie, le textile, l’écriture, l’art ou encore les philosophies – il faut prendre conscience que toutes ces évolutions n’ont eu qu’un effet mineur sur la croissance de la population humaine même si elles représentent une étape et une base essentielle. En fait, la courbe exponentielle de l’évolution démographique se dresse au moment de la première révolution industrielle, lorsque la société a commencé à produire d’énormes quantités d’énergies.

Bien, mais quels seront les impacts concrets de cette quatrième révolution industrielle sur nos vies et sur nos industries ? Je tiens à dire, avant tout, qu’il ne faut pas la craindre puisque c’est la seule solution pour permettre à nos industries Européennes de rester compétitives dans le marché mondialisé, car notre parc industriel et notre main d’œuvre vieillissent rapidement. Il ne sera pas suffisant de faire venir des immigrés pour palier à ces manquements. Il faudra plutôt déléguer une grande partie des tâches pénibles et répétitives à des robots intelligents avec qui nous collaborerons. Un pan entier du concept de l’Industrie 4.0 est donc dévolu à la robotique et à l’automatisation des processus de fabrication. C’est dans ce contexte que le gouvernement allemand a lancé l’initiative « Industrie 4.0 » en 2011, copié ensuite par tous les pays industrialisés avec des noms de projets comme « Industrie 2025 » en Suisse ou « Smart Factory » aux USA.

Comme à l’ère de l’apparition des premières machines à vapeur et des premiers moteurs à explosion, ou encore des premiers ordinateurs, des postes de travail vont disparaître. C’est inévitable. Et ce seront les postes les plus routiniers et les moins qualifiés qui disparaîtront en premier, remplacés par des fonctions davantage réflexives et créatives, avec des personnes mieux qualifiées, sachant collaborer avec l’intelligence artificielle et les robots. La formation a donc un rôle crucial et urgent à jouer en préparant les prochaines générations à cette transformation sociétale.

En plus de cela, nos entreprises devront également s’adapter à la nouvelle donne énergétique, avec une production décentralisée et instable. Elles devront également se montrer agiles pour produire des biens à des performances maximales durant de courts laps de temps, ce d’autant plus que les batchs de production vont diminuer jusqu’à la fabrication unitaire. C’est inéluctable puisque les clients demandent maintenant des produits et des services sur mesure, habitué par l’offre des services digitaux qui répondent déjà à cette demande. Peut-être même que nous pourrons bientôt fabriquer nos biens personnalisés à la maison grâce aux imprimantes 3D, pour autant que les dernières barrières technologiques soient levées.

Que nos entreprises suisses ne ratent pas ce virage technologique et sociétal, ce d’autant plus que nous avons d’excellentes cartes en main pour jouer cette partie passionnante !

UN PALÉOANTHROPOLOGUE DANS L’ENTREPRISE, S’ADAPTER ET INNOVER POUR SURVIVRE, par P. PICQ, aux éditions EYROLLES ****

livrepicqentrepriseEn ces temps de croissance démographique soutenue et de globalisation accélérée, il est d’actualité de parler d’agilité et de flexibilité de nos entreprises qui sont confrontées à une concurrence de plus en plus accrue et à des ressources toujours plus limitées et coûteuses.

En fait, nous sommes entrés dans une nouvelle phase de sélection naturelle résultant principalement des activités énergivores de nos sociétés modernes. Avec notre regard d’être humain, nous pourrions voir cette fuite en avant comme étant menaçante pour la survie de notre espèce et de celles qui nous côtoient. Toutefois, en élargissant notre point de vue à l’échelle planétaire, nous pouvons constater qu’il s’agit simplement d’un chapitre de l’histoire de la vie terrestre, dans un livre comportant des millions de pages. Et dans ce chapitre, l’entreprise ne représente qu’une toute petite ligne faisant référence aux groupes d’individus d’homo sapiens collaborant ensemble pour mener à bien un projet commun, à l’instar des colonies de fourmis, des meutes de loups ou encore des troupeaux de bisons.

C’est fort de cette vision que je me suis rappelé de l’aventure de Charles DARWIN sur le HS Beagle, parcourant le monde entier sur un trois mats durant plus de quatre ans, étudiant avec passion et minutie tout ce que la nature a créé autour de nous. Grâce à son sens de l’observation aigu, à sa curiosité assidue et à sa méthodologie de classification pointue, il a réussi à nous proposer une théorie expliquant en grande partie les mécanismes de la vie. Reliant les retombées de cette aventure exaltante à celles de nos entreprises contemporaines, je me suis demandé comment transposer les mécanismes de l’évolution à la gestion de l’entreprise, pour rendre cette dernière plus robuste et davantage pérenne dans son environnement évolutif. C’est par cette réflexion que je suis tombé sur ce magnifique essai rédigé par Pascal PICQ, «Un paléoanthropologue dans l’entreprise: s’adapter et innover pour survivre». N’est-ce pas le titre parfait pour mener une telle réflexion ?

Pascal PICQ est paléoanthropologue au Collège de France et s’intéresse depuis longtemps à l’entreprise. Il est auteur de nombreux ouvrages de référence et plusieurs de ses conférences sont disponibles sur la toile. Et pour ceux qui ne connaissent pas vraiment la théorie de Darwin, je vous propose de lire un livre du même auteur, vulgarisant parfaitement ce thème dans un langage simple et clairvoyant: «Darwin et l’évolution expliqués à nos petits-enfants». Ne vous focalisez pas sur le titre, il s’agit bien d’une lecture pour adulte dont le titre s’apparente simplement à la collection « expliqué à », dont l’approche pédagogique est remarquable. Ne vous économisez pas d’une telle lecture, car cette théorie est bien souvent mal comprise et mal interprétée. L’erreur habituelle consistant à croire qu’il y a une théorie de l’évolution, alors qu’en fait il s’agit d’un corpus de différentes théories des sciences de la vie, de la Terre, de l’espace et de l’homme. Ces théories permettant d’expliquer de manière de plus en plus précise les mécanismes de la vie sur terre, au grés des avancées de la recherche scientifique.

Dans «Un paléoanthropologue dans l’entreprise», vous aller comprendre comment établir des ponts entre les mécanismes de la vie et ceux de l’entreprise. Le mot central étant «l’adaptabilité». Ce terme est bien plus puissant que «l’agilité» souvent utilisé dans les théories organisationnelles actuelles. En fait, l’adaptabilité ne désigne pas uniquement une caractéristique de fonctionnement, comme c’est le cas pour l’agilité, mais englobe en plus le but de survie du sujet dans son écosystème. L’agilité ne sera par exemple pas nécessaire à toutes les entreprises selon l’environnement dans lequel elles évoluent, alors que l’adaptabilité est universelle à toute situation. Pour illustrer cela, nous pourrions parler de certaines entreprises étatiques qui n’ont pas besoin d’évoluer rapidement dans leur environnement puisqu’elles se trouvent protégées dans la sphère de l’état, devant simplement surveiller une éventuelle vente au domaine privé, ce qui les feraient alors basculer dans un environnement davantage évolutif et réactif.

Cet ouvrage vous ouvrira l’esprit sur les mécanismes de la compétitivité de nos entreprises et sur les besoins d’innover pour se maintenir en course, à l’image de ce que vivent les espèces vivantes. Et comme vous le savez, nous vivons sur une terre ou les êtres vivants sont en compétition pour se nourrir ou pour éviter de se faire manger. Néanmoins, certains mécanismes moins violents ont été générés par la nature, notamment au travers de la co-adaptation par co-opération. C’est rassurant, non? En fait, si l’homme a inventé le concept de l’entreprise collaborative 2.0, c’est la nature qui a inventé le concept de l’évolution 2.0 bien avant notre apparition sur terre. Prenons l’exemple de nos pâturages qui fonctionnement sur ce mode collaboratif entre animaux, insectes et plantes, dont le meilleur acteur n’est autre que l’abeille. En se nourrissant du polen des plantes qu’elle butine, elle favorise la pollinisation des plantes et permet à certains mammifères de se nourrir du miel sucré et prébiotique qu’elle fabrique. Un bel échange collaboratif qui assure une meilleure survie à tous… jusqu’à l’invention des pesticides par l’être humain…

Si ces systèmes de co-opération se montrent généralement plus performant que d’autres, c’est qu’ils permettent de mieux gérer la complexité grandissante de la vie sur terre. Et plus les système se complexifient, plus ils prennent l’avantage sur les structures moins complexes. Dans cette prospective, vous découvrirez alors la signification de la course de la «Reine Rouge». Il n’y a aucun lien avec le «Roi Vert» de Paul-Loup SULIZER, même si ce roman pourrait servir de réflexion aux facteurs de chance et d’adaptabilité de l’humain dans son environnement. Non, la course de la «Reine Rouge» fait référence à la dame de cœur dans «Alice au pays des merveilles», dans la scène «De l’autre côté du miroir». Alice court sans avoir l’impression d’avancer, car le paysage la suit. Elle s’adresse alors à la dame de cœur, la Reine Rouge, qui lui répond que dans ce pays il faut courir le plus vite possible pour rester à sa place. Ceci ne vous rappelle pas la situation de nos entreprises ?

Dans cette course à la Reine Rouge, il est intéressant de comprendre comment les espèces répondent à la sélection naturelle et sexuelle. Ce ne sont pas les plus forts qui gagnent, comme l’a dit DARWIN, mais ceux qui s’adaptent le mieux. Le succès revenant à l’espèce et non-pas aux individus. Car tout est fait pour que ce soit les gènes qui se perpétuent. Et pour que l’espèce survive, ou disons plutôt les gènes, il faut faire preuve d’une bonne diversité biologique. On parle de variabilité de l’espèce. Ensuite, le mécanisme de sélection permettra aux plus adaptés de poursuivre leur course à la survie, dans un cycle évolutif, l’espèce devant à chaque fois assurer sa variabilité.

Ramené au niveau de l’entreprise, ceci veut dire qu’il faut incorporer des profils divers et variés faisant émerger des entités et des modes de fonctionnement multiples. Les meilleures branches pourront ainsi survivre aux événements internes et externes, alors que les branches condamnées seront sciées pour permettre de chauffer les locaux durant les hivers glaciaux. L’arbre grandissant, de nouvelles branches vont apparaître et le cycle de sélection se perpétuera d’année en année, pouvant ainsi éliminer une branche qui était pourtant prometteuse quelques années auparavant.

Ce livre m’a encore permis de trouver des arguments solides pour faire taire les responsables qui se contentent d’appliquer des méthodes à succès sans les adapter aux spécificités de leur entreprise, par économie de réflexion. En effet, rien n’est plus faux que d’appliquer des méthodes prédéfinies dans son propre environnement, car chaque situation est singulière. Ne croyez pas à l’adage populaire qui dit «On ne change pas une équipe qui gagne». C’est la mort assurée! Car la compétition s’adapte très vite et votre technique/produit « révolutionnaire » sera vite copié puis contré. On le constate facilement dans le domaine du sport, ou mieux encore lors des conflits militaires majeurs comme par exemple durant la deuxième guerre mondiale. A cette époque, les allemands avaient failli conquérir le monde avec une nouvelle technique de guerre, la Blitz Crieg. Or, deux ans après la mise en œuvre de cette technique novatrice, les allemands se sont fait totalement dépassé par leurs ennemis qui ont non seulement adopté cette technique, mais qui l’ont surtout considérablement améliorée. Nous connaissons tous la suite de cette histoire.

Sur un autre registre, il est crucial de comprendre qu’une espèce, tout comme une entreprise, n’évolue jamais seule, mais avec sa communauté écologique. En fait, on ne vit jamais aussi bien qu’avec ses concurrents! S’ils disparraissent, nous sommes en grand danger. Pas de concurrence, pas de marché! Dans une telle situation, le risque est considérable d’être supplanté par d’autres produits/solutions totalement différents.

Pour terminer, ne soyez pas étonnés si les références mentionnées dans ce livre sont très franco-francaises. Vous pourrez néanmoins établir des parallèles avec les spécificités de votre pays respectifs sur la base des comparaisons que l’auteur effectue entre la France et les USA. D’un regard Darwinien, il est d’ailleurs très intéressant de constater que les USA laissent davantage s’exprimer la sélection naturelle, laissant mourir presque sans scrupule les bourgeons condamnés de l’arbre, alors que le protectionnisme français tend a maintenir artificiellement en vie les branches fragiles de celui-ci.

Ceci dit, sachez que la lecture des 256 pages de ce livre vous demandera un certain effort, car Pascal PICQ a utilisé un langage universitaire dont l’accès n’est pas aisé pour les non-initiés. Néanmoins, équipé d’une tablette et d’un bon moteur de recherche, j’ai quand même réussi à ne pas rester bloqué sur des mots et des sujets qui m’étaient alors inconnus. Ce livre se mérite et c’est ce qui me rend heureux de l’avoir lu et apprécié!

PASSEZ EN MODE WORKSHOP, 50 ATELIERS POUR AMÉLIORER LA PERFORMANCE DE VOTRE ÉQUIPE, par J.-M. MOUTOT et D. AUTISSIER, aux éditions PEARSON **

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Nouveau challenge : j’ai deux mois pour organiser un workshop sur les Remote Services avec une cinquantaine de collaborateurs ainsi que des intervenants externes !

N’est-ce pas une merveilleuse occasion de lire cet ouvrage qui croupissait dans ma pile de livres en attente ? Et bien c’est ce que je me suis dit, avec l’expectative d’y trouver l’inspiration et les conseils nécessaires pour rapidement lancer ce projet sur de bons rails.

Si à l’époque j’avais sélectionné ce livre pour m’instruire sur la thématique des workshops, c’était parce que la maison d’édition PEARSON propose généralement de beaux ouvrages au contenu savamment étudié, agrémenté d’intelligentes et pertinentes illustrations. Bref, tous les ingrédients de base qui donnent envie de dévorer un livre rapidement tout en stimulant sa créativité !

Je me suis donc réservé un week-end pluvieux pour lire cet ouvrage dans le but de m’inspirer de son contenu richement alimenté par l’expérience des deux auteurs, Jean-Michel MOUTOT et David AUTISSIER. Et mes attentes ont été parfaitement comblées ! J’ai en effet compris la valeur de ce mode de travail efficace et motivant, que ce soit pour résoudre des conflits ou pour booster la performance d’un département. Vous trouverez dans ce livre des techniques à mettre en œuvre pour organiser des workshops de quelques heures ou de plusieurs jours, mais également des propositions d’ateliers qui sont présentées dans des fiches listant le contenu, les objectifs, les gains escomptés ainsi que les connaissances et matériaux nécessaires à la création et à l’animation du workshop. Une cinquantaine de propositions y sont énumérées couvrant les thèmes suivants : catharsis, créativité, communication, humour, cohésion, perception, mémorisation, processus, organisation et projection. A noter que certains ateliers sont très simples à organiser et à animer, alors que d’autres nécessiteront la présence d’experts.

J’ai particulièrement apprécié les conseils permettant d’emmener les participants au travers d’un cycle créatif passant successivement par des phases d’ouverture d’esprit et de recentrage, faisant osciller les pensées entre le doute et la certitude, dans le but d’arriver à un résultat concret et tangible favorisé par la mise en résonance des savoirs multiples. Derrière tous ces conseils éclairés, j’ai fortement ressenti la marque de fabrique de la programmation neuro-linguistique (PNL).

En conclusion, ce livre sera très utile aux managers qui souhaitent dynamiser la création de valeur de leurs équipes par des méthodes de travail performantes et modernes, sans avoir recours à de coûteux consultants externes. Il s’agit ici de valoriser le savoir interne et de positionner l’employé au centre de l’entreprise, en donnant du sens à son action.

LA FABRIQUE DE L’INNOVATION, par E. MOCK et G. GAREL, aux éditions DUNOD ***

9782100577026-GL’arrivée en force de l’Apple Watch sur le marché de la montre m’a motivé a relire ce livre passionnant qui traite de l’innovation ainsi que de l’émergence de la Swatch dans les années 1980.

A cette époque, l’arrivée des montres à quartz japonaises bon marché avait totalement bouleversé le paradigme de ce secteur, provoquant l’effondrement de l’horlogerie Suisse. Cette industrie avait alors perdu pas moins de 70% de parts de marché en une dizaine d’années, ainsi que deux-tiers de ses salariés. Ceux qui ont vécus ces années sombres dans les cités horlogères suisses se rappellent très bien de la fermeture quotidienne des entreprises et de son lot de chômeurs errant dans les centres villes.

L’horlogerie Suisse n’avait tout simplement pas vu venir le danger de ces montres à quartz d’entrée de gamme, dont la précision était supérieure aux meilleures montres mécaniques suisses. Et l’ironie du sort, c’est que la technologie du quartz a été inventée en Suisse !

C’est dans ce contexte difficile qu’une innovation inespérée a permis de sauver l’industrie horlogère Suisse : la Swatch. Il s’agit d’une montre à quartz à aiguilles, en plastique soudé, robuste, au design simple, peu couteuse à fabriquer tout en étant de bonne qualité et durable. Mais ce n’est pas moins un produit révolutionnaire du point de vue de la conception, de l’esthétique, du prix et du processus de fabrication, qui est en totale rupture avec son temps. Nous pouvons dire que c’est l’aboutissement d’un mariage parfaitement réussi entre le design, la technique et le marketing.

Pourtant, il s’agit toujours d’une montre avec un boitier et un bracelet, comme toutes les autres montres. Mais son identité était et reste encore unique, car le produit a été pensé dans son ensemble, en tenant compte de tous les paramètres et de tous les savoir-faire. Et si cet objet technologique a pu devenir tel succès planétaire, c’est grâce au marketing audacieux de Franz SPRECHER qui a su le positionner comme un accessoire de mode, en proposant de changer de montre comme l’on change de cravate.

Cette idée n’a toutefois pas été trouvée au moment de l’émergence du projet. Elle a été insufflée par le premier distributeur américain qui exigeait davantage de modèles à des fréquences plus élevées. Ceci illustre d’ailleurs un des facteurs clé de succès de cette aventure, qui n’est autre que la faculté d’écoute et de réactivité de l’équipe en charge de ce produit. Elle avait même réussi à mettre au point un processus d’amélioration continu et itératif, à l’image des meilleures pratiques lean, bien avant que celles-ci se soient popularisées en Europe. C’est cette particularité qui a permis de rapidement corriger les nombreux défauts des premières séries. Car pour rappel, le premier test commercial aux Etats-Unis fût un échec, avec de nombreux retours clients et des montres qui ne respectaient même pas les critères de qualités minimaux.

Ceci dit, l’invention de la Swatch est due à deux grands enfants rêveurs, passionnés et assidus, Elmar MOCK et Jacques MÜLLER, complété par la vision éclairée du patron Ernst THOMKE. Ce dernier a su comprendre très tôt la valeur et les enjeux de cette idée géniale, pour ensuite prendre les risques nécessaires pour soutenir ce projet, quitte à mettre en danger sa propre carrière. Et pour illustrer ce moment clé de l’émergence du projet, Elmar MOCK nous raconte comment il a convaincu son patron sur la base d’un simple dessin !

Comme ses inventeurs aiment le répéter, la Swatch est une montre de combat, 100% Suisse Made, issue d’une réelle innovation de rupture. Et si ce combat a été gagné face au japonais, c’est parce qu’il manquait à ces derniers un élément clé : la capacité d’innovation culturelle ainsi que la connaissance du marketing design.

Et à ceux qui disent que la Suisse est trop chère pour fabriquer de tels produits, nous avons ici un exemple qui prouve le contraire, avec un coût de fabrication record de 10CHF par montre ! Ceci est dû à la conception révolutionnaire de cette montre qui limite drastiquement le nombre de pièces et qui permet une automatisation complète de son assemblage, grâce à un processus de fabrication complexe difficilement applicable avec de la main d’œuvre peu qualifiée.

Si je me suis intéressé à cette aventure passionnante, ce n’est pas uniquement par chauvinisme, mais également et surtout parce qu’elle nous ramène à notre époque actuelle où un autre danger est en train de frapper de plein fouet l’industrie horlogère Suisse. Il s’agit de l’Apple Watch, une montre connectée avec son temps. En plus de son nom, ce produit possède de très grandes similitudes par rapport à la conception, à la fabrication et à la promotion de la Swatch.

Cependant, le projet Swatch s’est construit à partir d’une feuille blanche, sans aucun processus de conception préétabli et sans aucun business modèle, un peu à la manière d’un artisan. Ce n’est bien évidement pas le cas de l’Apple Watch qui est issue d’une entreprise maitrisant à la perfection le processus d’innovation, de fabrication et de promotion de ses produits. Sans compter qu’Apple peut compter sur des ressources illimitées pour inonder les marchés de son produit ainsi que pour l’améliorer à une cadence insoutenable par la concurrence. Et pour ceux qui rigolent encore de l’autonomie de la batterie de cette montre, soyons certain qu’Apple va rapidement corriger ce point faible par des subterfuges inattendus. Il se peut même que nous prenions progressivement l’habitude de recharger notre montre chaque soir, comme nous le faisons déjà avec notre Smartphone, en faisant preuve de la même assiduité que pour le brossage de nos dents ou pour le réglage de notre réveil.

Parmi ces similitudes, je relève surtout la volonté de vouloir créer une montre unique pour chacun de nous, tout en gardant un processus de fabrication très standardisé. Si Swatch pratique la différenciation retardée pour changer la couleur, le cadran, l’indication de la date et les aiguilles, Apple propose quant à elle trois collections de montres, avec deux tailles de boitiers associés à une dizaine de bracelets. La différenciation ultime se faisant au travers de l’écran qui permet une infinité d’affichages personnalisés selon les souhaits du propriétaire. Une nouvelle fois, Apple se montre maître du mix entre la technologie, l’innovation, le design, le marketing et la distribution.

Si on ajoute à cela la force de frappe des développeurs d’Apple, leurs ressources pratiquement illimitées ainsi que leur esprit d’innovation et d’amélioration continue, nous pouvons dire que notre industrie Suisse est actuellement en grand danger, particulièrement dans le moyen de gamme. Il y a effectivement un risque de voir les consommateurs se tourner progressivement vers un produit davantage multifonctionnel et configurable, même pour les amoureux de belles montres automatiques dont je fais partie. D’ailleurs, à ce sujet, je me demande de plus en plus si je ne vais pas utiliser mes deux poignets pour résoudre mon dilemme : celui de mon bras gauche pour ma passion envers la belle mécanique et l’industrie qui m’a nourri, et l’autre pour rester connecté avec mon temps. Mais avant que cela puisse se faire, j’ai encore une préoccupation à solutionner : quel est le cycle de vie d’une montre connectée ? Car je n’ai vraiment pas envie de devoir « jeter » ma montre tous les 3 ans à cause de l’obsolescence de sa technologie et de son système d’exploitation.

Fort heureusement, il semble que le secteur de l’horlogerie Suisse moyen de gamme ne se montre pas aussi « hautain » et « passif » que dans les années 70. Le groupe Swatch a déjà réagi en proposant une montre connectée, puis Tag Heuer et Tissot ont annoncés la prochaine commercialisation de leurs modèles connectés. Reste à savoir s’ils trouveront les éléments différenciateurs qui permettront de concurrencer le géant Apple sur ce segment qui risque bien de convaincre un nombre significatif de clients.

Mais revenons au contenu de ce livre qui ne parle pas uniquement de l’aventure de la Swatch. Il traite également et surtout de la maîtrise du processus d’innovation sur la base de l’expérience accumulée par Elmar MOCK durant de nombreuses années, dont notamment sur le projet Swatch. Car c’est suite à cette expérience particulière qu’Elmar MOCK s’est posé des questions fondamentales sur les mécanismes de l’innovation ainsi que sur les raisons pour lesquelles il ne se sentait plus à sa place chez son employeur, une fois son invention développée, industrialisée puis commercialisée. La réflexion qu’il nous propose dans ce livre a été enrichie, guidée puis expliquée par les connaissances et le savoir académique du co-auteur Gilles GAREL, professeur à l’École polytechnique.

Dans les faits, le serial inventeur Elmar MOCK se sent à l’aise dans le monde de la rupture et dans l’instabilité créative. La mise en exploitation de son « bébé », la Swatch, l’a conduit à un blues post-partum, comme il l’explique très bien lui-même. Il s’est senti enfermé dans un rôle administratif et non-créatif, ce qui l’a rapidement mené à la rupture avec son management de l’époque.

Dans la quête de la compréhension de son mal être, il trouva un moyen d’expliquer son comportement et son « état mental » par rapport à ceux de ses supérieurs, sur la base d’une métaphore relative aux états physiques de la matière, plus particulièrement à ceux de la gouttelette d’eau. Dans cette métaphore moléculaire, il apparente les états d’agrégation de la gouttelette d’eau (gazeux, liquide et cristallin) aux états mentaux de l’être humain:

  • l’état mental gazeux correspond à l’état mental de la créativité brute, de l’imagination et de la liberté. C’est l’état d’esprit qui vient de notre enfance, dans lequel on innove et on invente ;
  • l’état d’esprit liquide est celui de l’apprentissage, de l’école, du développement et de la transformation. Dans cet état, les idées grandissent puis se stabilisent ;
  • l’état d’esprit cristallin est le domaine du monde rationel qui est défini par l’ordre, la règle, la stabilité, la structure, le pouvoir et la maturité.

Vous aurez vite compris qu’Elmar MOCK s’émancipe dans l’état gazeux et se montre « de glace » face aux esprits cristallins. Ce modèle lui a permis de mieux comprendre la place et le rôle qu’il avait dans notre société de manière générale, chez son ancien employeur de manière particulière ainsi que sur ses préférences d’interaction avec les autres. Cette réflexion mériterait d’être un jour mise en résonnance avec  la description des profils comportementaux DISC (voir articles précédents de ce blog).

Elmar MOCK représente donc le parfait esprit de l’inventeur souvent incompris et inadapté dans nos entreprises « classiques », mais dont nous avons tellement besoin pour innover. Pour vivre pleinement sa passion, il a finalement brisé les chaines que son employeur resserrait autour de lui, après qu’il aie toutefois jouis d’une liberté créative exceptionnelle dans une telle industrie. Il a alors créé sa propre fabrique de l’innovation, la société Créaholic. Il a façonné cette entreprise à son image, profilée pour l’univers de l’exploration plutôt que pour le monde de l’exploitation, en la dotant d’une gouvernance et d’une organisation tout-à-fait originale et singulière. Cette entreprise est à l’origine de nombreux dépôts de brevets et à la création de plusieurs spin-offs. Elle a accouché d’innombrables inventions de rupture, comme le procédé de « soudure du bois », la valise-trottinette ou encore « l’appareil à laver les mains » consommant dix fois moins d’eau qu’un lavabo ordinaire. Il nous parle de tout cela dans son livre, en précisant naturellement le processus d’innovation qu’il a suivi pour chacune de ces inventions.

Pour expliquer ce processus, les deux auteurs nous présentent la théorie de conception CK qui étudie et représente les raisonnements de conception innovante. L’espace des concepts (C: Concept) est celui de l’imaginaire et des propositions nouvelles, alors que l’espace des connaissances (K: Knowledge) représente le savoir de l’industrie. Le processus de conception est alors mené par des allers-retours entre ces deux espaces de création. Si cette approche est somme toute très pertinente, je dois avouer que je trouve cela un peu trop abstrait et académique pour moi qui affectionne les concepts élaborés et visuels, directement applicables dans le cadre de mes activités professionnelles.

En résumé, ce livre vous permettra de mieux comprendre l’écosystème à cultiver pour favoriser l’innovation radicale, afin de pouvoir institutionnaliser cette démarche différenciatrice dans vos organisations respectives. L’exemple de l’aventure de la Swatch est parfait pour illustrer tous les aspects importants de la conception innovante, en faisant le lien avec un sujet d’actualité, la montre connectée.