MÉDECINE AUGMENTÉE : ENTREPRISE AUGMENTÉE, par L. KIWI, X. COMTESSE, D. WALCH, A. GARBINATO, D. GENOUD, G. PAULETTO, G. RAMUZ, aux éditions G D’Encre ***

Une trentaine d’experts suisse romands du groupe « Manufacture Thinking » se sont associés pour réaliser ce magnifique ouvrage de réflexion concernant l’impact de l’intelligence artificielle sur notre société, en adressant une attention toute particulière aux domaines de la médecine et de l’entreprise.

Ce livre est le cinquième d’une série réalisée sous l’impulsion de la Chambre neuchâteloise du commerce et de l’industrie, dont le premier tome est consacré à l’histoire de la manufacture, le second à l’économie numérique, puis les suivants à l’usage et à la monétisation des données, à l’IoT, au Big Data et au Machine Learning. Ce dernier a la particularité de se découper en deux volets distincts qui se lisent respectivement du recto et du verso. La première moitié est consacrée à l’entreprise, mon domaine de prédilection, alors que la seconde est consacrée à l’impact de la digitalisation sur la médecine. Je pensais lire très rapidement cette seconde section dont le thème ne m’est pas particulièrement familier, mais à ma grande surprise, j’y ai trouvé une éloquente réflexion sur l’évolution de notre médecine, de ses pratiques et de ses coûts.

Les auteurs partent du postulat que l’IA offrira un système meilleur et moins coûteux à la collectivité. La promesse vaut la peine de s’y arrêter quelques instants, non ? Et la démonstration est tout-à-fait convaincante. On comprend ainsi pourquoi les GAFA se sont déclaré une guerre fratricide dans ce marché lucratif, en y investissant des milliards de dollars.

J’ai particulièrement apprécié l’argumentation concernant le changement de dimension du corps humain qui ne sera plus dépendant de son seul héritage génétique, mais également augmenté par des implants, des capteurs, des modifications génétiques et des « bots » s’activant tout autour de lui, améliorant aussi ses capacités cognitives.

Pour ce qui concerne l’entreprise augmentée, les précédents livres mentionnés dans ce blog traitent déjà abondamment de ce sujet. Mais vous trouverez ici une analyse pertinente conduite par des personnalités locales, transposant judicieusement ce sujet dans un contexte régional et global, en décrivant les opportunités et les risques de ces nouvelles technologies au service de la voiture autonome, des machines industrielles, des assistants personnels, des assurances, de la finance ou encore de l’organisation de nos villes, pour n’en citer que quelques-uns. A noter que les auteurs se sont donnés la peine de vulgariser le fonctionnement du « Machine Learning » supervisé et non-supervisé, en identifiant les étapes du processus d’apprentissage afin de permettre aux profanes que nous sommes de démystifier ce procédé souvent perçu comme étant « nébuleux » et « abstrait ».

Bref, comme à chaque fois que je lis un livre passionnant, intelligemment écrit et joliment confectionné, je ne peux m’empêcher de l’acheter et d’en recommander sa lecture!

LE TEMPS DES ALGORITHMES, par S. ABITEBOUL et G. DOWEK, aux éditions LE POMMIER ***

Cet ouvrage généraliste nous offre un regard éclairé sur le fonctionnement de notre société qui est de plus en plus dominée par les algorithmes.

Ces programmes, entièrement créés par l’humain, sont les objets les plus complexes qu’il n’ait jamais élaborés. Dans tous les secteurs, ils cadencent nos échanges et orientent nos décisions.

Comme chaque outil ou procédé que l’homme a inventé aux cours de son histoire, les algorithmes résolvent des problèmes concrets et permettent d’automatiser certains processus, en offrant un gain de temps significatif et en sécurisant la répétabilité des tâches.  

Les algorithmes ne sont donc pas une invention nouvelle. Ce qui fait que nous en parlons de plus en plus, c’est que, associé à la puissance de calcul des ordinateurs actuels, ils arrivent à résoudre des problèmes particulièrement complexes et surtout à dépasser les capacités humaines pour réaliser certaines tâches spécifiques.

Que vous soyez inquiets du pouvoir potentiel de ces algorithmes ou émerveillés par les progrès qu’ils peuvent apporter, ce livre vous permettra d’alimenter vos connaissances par des références pertinentes et détaillées.

Les auteurs commencent par expliquer ce qu’est un algorithme, en le comparant à la recette du pain qui se passe de génération en génération de boulangers, avec des améliorations apportées par chaque protagoniste de la chaîne de transmission. Il est ainsi possible de ne pas devoir recommencer le processus à partir d’une feuille blanche à chaque fournée.

Les auteurs parlent également de la technique de recherche de nourriture des fourmis ainsi que de la capacité de notre cerveau à pouvoir différencier rapidement un chien d’un chat, pour n’en citer que quelques-uns. A ce sujet, faisons un petit exercice amusant: tentez d’expliquer avec des mots comment l’algorithme de votre cerveau procède pour reconnaître et différencier l’image d’un chien et d’un chat (donc sans mentionner le cri qu’ils émettent). Vous verrez que c’est loin d’être simple à expliquer!

Grâce à cet exemple, vous commencerez à comprendre une des problématiques du Deep Learning qui est justement liée à la difficulté de comprendre et d’expliquer comment l’ordinateur procède pour résoudre un tel problème. C’est d’ailleurs ce manque de « transparence » qui présente un enjeux de taille pour les industriels qui ont pour habitude de travailler avec des systèmes déterministes pour des clients qui exigent des informations fiables, prédictibles et répétables. Il est donc actuellement bien risqué de fournir des services basés sur l’intelligence artificielle à un client qui pourrait exiger des dédommagements en cas d’imprécisions ou d’erreurs dans les résultats présentés.

Malgré cela, il semble évident que l’ordinateur associé aux algorithmes remplacera progressivement certains travaux intellectuels répétitifs, tels que ceux des avocats, des médecins généralistes ou encore des enseignants, comme la machine mécanique l’a fait et le fait encore avec les métiers manuels.

C’est pour cette raison que je vous recommande vivement de lire ce livre qui vous instruira sur l’impact des algorithmes et de l’automatisation des tâches sur notre société, les conséquences sur nos métiers, sur le fonctionnement de nos villes, nos véhicules, la bourse, le système de santé, nos données personnelles, sans oublier la problématique de la répartition des richesses ainsi produites. C’est grâce à ce type d’ouvrage que nous pouvons être rationnels sur la perception de notre futur et donc nous y préparer efficacement.

COMPRENDRE LE DEEP LEARNING, par J.-C. HEUDIN, aux éditions SCIENCE-EBOOK **

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Impossible de passer une journée sans entendre parler d’intelligence artificielle, de machine learning ou de deep learning. Que nous soyons fascinés par les promesses de cette discipline ou apeurés par ses risques sous-jacents, nous sommes souvent mal outillés pour juger de la pertinence des informations que nous recevons.

C’est pour cette raison que je recommande vivement la lecture de cet ouvrage pratique qui vous fera entrer dans le fonctionnement neuronal du cerveau humain via l’usage d’équations algébriques matricielles. Pas besoin d’être mathématicien pour suivre les démonstrations exposées dans ce livre, mais il faut quand même être réceptif au calcul algébrique. Ici se termine donc les fantasmes liés à cette technique de traitement des données de masse pour entrer dans le monde réel et pratique du machine learning et de son sous-ensemble, le deep learning.

Pour ma part, cette lecture pédagogique m’a permis de mieux comprendre les limites de la mise en œuvre de cette technologie dans le monde industriel dans lequel il est impératif de pouvoir reproduire les procédés de manière fiable, puis d’expliquer pourquoi et comment fonctionnent les automatismes. De plus, le nombre de données pertinentes et utilisables pour entraîner les systèmes apprenants est un véritable challenge dans cette industrie. Pensez au nombre réduit des machines identiques de la base installée, possédant les mêmes composants électroniques, avec les mêmes caractéristiques physiques, les mêmes versions firmware et les mêmes versions applicatives. Sans compter les éventuelles modifications effectuées par le client lui-même. Bref, les promesses sont attrayantes, certes, mais le chemin de l’industriel est encore long avant de pouvoir rentabiliser les investissements nécessaires. 

Si je ne suis évidemment pas devenu un expert du deep learning par la simple lecture de ce livre, je comprends toutefois beaucoup mieux pourquoi je ne le serai jamais ! En effet, bien que ce sujet soit très tendance et présenté souvent de manière extrêmement séduisante, au travers de quelques succès retentissants dans des domaines bien précis, il faut avouer que cela reste une discipline d’alchimistes mathématiciens qui s’exaltent avec des nombres, des matrices, des calculs d’erreurs et des paramètres d’ajustements.

Bien, c’est maintenant à vous de décider si vous souhaitez vous lancer dans la création et dans l’entraînement de votre premier réseau de neurones en Javascript. Allez, bon voyage !

LA QUATRIÈME RÉVOLUTION INDUSTRIELLE, par K. SCHWAB, aux éditions DUNOD ***

9782100759675-001-XVoici une livre qui offre un regard holistique sur la quatrième révolution industrielle. Il pourrait d’ailleurs s’appeler « Réflexion sur l’évolution de nos sociétés ultra-connectées et ultra-médiatisées ».

Ce qui rend cet ouvrage singulier, c’est que l’auteur n’est autre que Klaus Schwab, le fondateur du World Economic Forum de Davos. Grâce à son expertise économique avérée, il nous offre une analyse pertinente des bouleversements actuels et futurs, en tenant compte des enjeux sociétaux, économiques, politiques et culturels. De plus, sa formation d’ingénieur lui permet de maîtriser également les aspects technologiques qui sont à l’origine de cette révolution.

J’ai particulièrement apprécié le discours réaliste et équilibré de Klaus Schwab qui contrebalance équitablement les avantages et les risques de la digitalisation de notre société. Si son tempérament optimiste le pousse à mettre en avant les gains que cela va apporter sur la pénibilité du travail, il n’occulte toutefois pas les risques de segmentation de la population entre les individus bien formés possédant le capital, et ceux qui sont moins bien formés et qui comptent uniquement sur le revenu de leur travail.

Comme il le mentionne très justement, des milliards d’individus n’ont pas encore accès aux services et aux équipements de la première révolution industrielle, comme l’électricité, l’eau et l’assainissement. Tous les pays ne vont donc pas profiter de cette évolution de manière équivalente, même si certains d’entre eux pourront tout-de-même bénéficier de quelques sauts technologiques rapides comme c’est le cas avec la communication téléphonique sans fil.

Si l’auteur croit au bienfait du progrès pour améliorer la condition humaine, il admet que ce sont bel et bien les pays industrialisés qui récolteront les principaux fruits mûrs par leur capacité à maîtriser et à investir massivement dans ces nouvelles technologies.

Klaus Schwab s’interroge également sur les métiers à risques et ceux qui devraient se développer grâce à l’arrivée de l’automatisation à outrance et à l’utilisation de l’intelligence artificielle. Ce point mérite réflexion, car ce ne sont pas uniquement les caissières du supermarché d’à côté qui sont concernées par cette évolution. Les radiologues, les avocats, les médecins, les assureurs ou encore les journalistes sont également menacés par ces changements, car leurs tâches répétitives et spécialisées peuvent parfaitement être réalisées par une intelligence artificielle automatisée.

Plus problématique encore sont ces nouvelles plateformes qui nous offrent presque gratuitement des services qui nous facilitent grandement la vie, comme c’est le cas avec Uber et Airbnb. A premier abord, ces services sont bénéfiques pour les utilisateurs. Mais comment comptabiliser leur impact sur le travail et sur la précarisation des travailleurs qui se mettent à leur propre compte pour offrir leurs services à faible valeur ajoutée ? Et quel est l’impact de ces modèles d’affaires sur le PIB ?

Je m’associe bien volontiers à la conclusion de Klaus Schwab, qui nous demande de nous impliquer dans cette transformation sociétale pour influencer son évolution dans le sens que nous désirons, en impliquant toutes les parties prenantes, plutôt que refuser de la voir en face pour ensuite en subir les conséquences négatives. C’est d’ailleurs le but de ce livre qui nous fourni un grand nombre d’éléments de réflexion dans les thèmes sociétaux, économiques, technologiques, mais également au niveau des rapports humains, de la gestion des Etats et de la sécurité internationale.

Concernant les entreprises, le motto actuel n’est autre que « adapte toi vite ou meurt ! ». Pour répondre à ce changement de paradigme et à ces bouleversements complexes et interdépendants, nos entreprises doivent mettre en place des hiérarchies flexibles, des organisations capables de maîtriser leur écosystème évolutif, des veilles actives aptes à prévenir les disruptions commerciales, des stratégies innovantes pour attirer et garder les talents et encore des tactiques sophistiquées pour valoriser et entretenir la confiance des partenaires stratégiques. Il faut être très attentif à tout cela, car comme nous le voyons dans la capitalisation des grandes entreprises actuelles, il semble que les gagnants raflent tout!

LE LIVRE DES DÉCISIONS, DE BOURDIEU AU SWOT, 50 MODÈLES À APPLIQUER POUR MIEUX RÉFLÉCHIR, par M. KROGERUS ET R. TSCHÄPPELER, aux éditions ALISIO ***

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Voici un petit livre rationnel et concis à destination des managers pressés qui veulent rapidement trouver un modèle adapté pour répondre à leurs problématiques de gestion des relations humaines et de prise de décision.

Les 50 modèles présentés dans ce recueil sont très succinctement décrits et illustrés. Ne vous attendez pas à des explications détaillées et précises. En contrepartie, vous pourrez lire ce livre d’une traite et vous y référer aisément lorsqu’une situation particulière se présentera à vous.

Il est généralement pertinent de se référer à des modèles établis pour comprendre une problématique et pour prendre les bonnes décisions, que ce soit pour la gestion de ses équipes ou pour sa vie personnelle. Les modèles nous aident à appréhender la complexité de notre environnement et à en extraire les éléments déterminants. C’est leur force. Mais les bons managers sauront toutefois éviter le piège qui consiste à voir le monde comme son modèle préféré, car un tel raccourci finira inévitablement par révéler les limites d’un modèle unique dans un écosystème complexe et changeant.

Parmi les modèles proposés dans ce livre, vous trouverez la matrice d’Eisenhower, l’analyse SWOT, la matrice BCG, le modèle SMART, le dilemme du cadeau, l’état de flow, le radar d’Uffe Elbaek, les courbes de tendance « hype cycle », la pyramide de Maslow, la loi de Pareto, le modèle de la longue traine, le modèle de la diffusion, le modèle de l’équipe, le modèle de la niche, les styles de mangement, le modèle des rôles,…

Pour ma part, il m’est très utile d’avoir ce mémento à portée de main sur mon bureau, afin de trouver au plus vite un modèle qui me permettra d’exprimer mon problème actuel, de le condenser puis de trouver la bonne solution.

ARE YOU DESIGN, DU DESIGN THINKING AU DESIGN DOING, par M. LAUQUIN et N. MINVIELLE, aux éditions PEARSON ****

51T9orGMcWLComme à l’accoutumée, les éditions Pearson nous proposent un magnifique ouvrage capable de réveiller l’envie d’apprendre aux plus récalcitrants d’entre nous, avec un contenu riche en information et des illustrations admirablement réalisées. C’est un objet qu’il faut absolument avoir dans sa bibliothèque !

Les deux auteurs de cet opus – Nicolas Minvielle et Martin Lauquin – nous transportent dans le monde passionnant et créatif du design thinking, en nous immergeant dans le mode de pensée des designers.

Dans l’environnement en constante mutation dans lequel nous vivons, le design thinking est LA méthode incontournable pour innover rapidement et assurer ainsi la survie de son entreprise face à la concurrence mondiale acharnée.

A l’origine, le design thinking est une approche imaginée par les designers pour embellir les objets et les rendre plus pratiques, répondant aux besoins des clients dont l’exigence ne cesse de s’accroître. Cette manière de faire se base sur l’observation des usagers comme point de départ de toute démarche de conception, analysant attentivement leurs comportements dans leur environnement naturel. Mais elle s’étend à l’entier de l’écosystème du produit ou du service, impliquant toutes les interactions possibles – qu’elles soient répétitives ou éphémères – et ceci durant toutes les phases du cycle de vie du produit ou du service. C’est une méthode qui est donc davantage centrée sur la compréhension du problème plutôt que sur la recherche de solution, élargissant ainsi le spectre de génération d’idées nouvelles.

Si les grandes entreprises et les start-ups ont déjà adopté cette manière de concevoir les nouveaux produits et services, c’est parce qu’elles ont compris que l’origine d’un succès commercial est dû avant tout à la cohérence et à l’organisation des différentes composantes du « design mix », que sont le produit ou le service, son environnement et les messages associés.

Il faut toutefois savoir que le processus de design thinking est tout sauf  une ligne droite, comportant des phases d’interrogation, de recherche, de doute, de déprime et d’euphorie. Si cela ne rassurera pas l’esprit cartésien du concepteur traditionnel, il faut lui rappeler que le monde prévisible est révolu et qu’il faut maintenant adapter nos processus d’innovation à l’accélération constante de la création des nouveaux produits et services.

De même, la recherche d’idées basée sur les essais et sur l’échec ne doit plus faire peur aux entreprises, car elle permet de rapidement éliminer les mauvaises idées au profit de celles qui trouveront un réel écho auprès des clients. C’est pour cela que les directions d’entreprises ne doivent plus hésiter à mettre en place une organisation agile favorisant ce type d’approche volontaire et courageuse.

Allez, bonne lecture !

IoT, L’ÉMANCIPATION DES OBJETS, par F. NÉMETI, G. PAULETTO, D. DUAY ET X. COMTESSE, aux éditions G D’ENCRE ***

internet-of-things-emancipation-des-objetsJe tiens à recommander la lecture de cet ouvrage pour deux raisons. La première, c’est qu’il s’agit d’un livre rédigé et imprimé localement, estampillé d’un label Suisse romand. La seconde, c’est en raison de son contenu riche en information, transcrivant tout ce qu’il est nécessaire de savoir sur la thématique de l’IoT (Internet of Things en anglais, soit Internet des Objets en français). C’est le livre idéal pour l’entrepreneur qui souhaite maîtriser rapidement les fondamentaux de cette thématique, avec la mise à disposition d’une feuille de route pertinente pour l’accompagner dans la transformation de son organisation.

Ce livre est en fait le quatrième opus d’une série dédiée à l’évolution de la manufacture, aux leviers de croissance offerts par l’ère du numérique, à la compréhension du pouvoir des data et finalement à l’émergence de l’Internet des Objets.

Pour ceux qui ne le savent pas encore, l’IoT fait référence à ce que nous voyons se développer tout autour de nous, avec des objets connectés qui exécutent des tâches de plus en plus complexes et intelligentes. Les objets peuvent être connectés à travers Internet, via des plateformes informatiques distantes, mais également reliés directement entre eux par des connections filaires ou hertziennes.

L’objet connecté de référence n’est autre que notre smartphone qui embarque un grand nombre de capteurs et d’interfaces, capable d’effectuer lui-même une quantité incalculable de fonctions et de services. Mais bien plus largement, chaque objet de notre monde actuel est en train d’être évalué pour savoir comment il pourrait générer davantage de valeur en lui ajoutant des fonctionnalités connectées. C’est le cas des voitures, des téléviseurs, des machines à café, des machines à laver, des réfrigérateurs, des lunettes ou encore des montres, pour n’en citer qu’une petite partie. On parle en fait de plusieurs dizaines de milliards d’objets qui seront connectés dans un horizon de quelques années seulement. Mieux vaut donc se préparer à cette déferlante annoncée!

En fait, nous avons affaire à un progrès technologique majeur qui est en train de modifier considérablement nos habitudes de vie, tout comme l’a fait l’électricité, l’automobile, la télévision ou encore l’informatique.

Même si les idées les plus folles peuvent être maintenant réalisées, ce sont bien les innovations qui apporteront une réelle plus-value qui résisteront au verdict des usagers qui souhaitent se faciliter la vie et se débarrasser des tâches répétitives.

Si certains objets sont en interaction directe avec l’homme, la plus grande partie des objets communiqueront directement entre eux, échappant ainsi à notre attention. Cet échange inter-objet représentera même la plus grande consommation de données qui transitera dans les airs et dans les réseaux câblés.

Dans ce livre, vous comprendrez non seulement les enjeux de cette transformation digitale qui s’oriente vers un monde totalement connecté, mais vous recevrez également un excellent aperçu des briques technologiques qui le compose, comme le fonctionnement et l’utilité des capteurs, des réseaux, des données, des plateformes cloud, de l’intelligence artificielle, du blockchain ou encore du big data. Vous y trouverez encore des comparatifs entre les différentes technologies existantes et les principaux acteurs de ce secteur d’activités, sans oublier de se référer à ce qui se passe de l’autre côté des océans Atlantique et Pacifique.

Naturellement, le domaine de la santé est largement abordé dans cet ouvrage puisqu’il touche à la fois un élément central de nos préoccupations vitales et un pan entier de notre économie qui va être bouleversé par la déferlante de l’IoT. En effet, une médecine largement automatisée se profile devant nous avec l’utilisation de l’intelligence artificielle pour traiter des milliards de données issues à la fois des patients et des bases de connaissance mondiales. Cette intelligence sera capable de fournir des diagnostics quasi instantanés depuis n’importe quel endroit de la planète et à n’importe quel moment. Les données nécessaires au bon fonctionnement de cette médecine complémentaire seront abondamment complétées par celles qui proviendront de nos bracelets connectés et des capteurs qui se logeront progressivement dans notre corps.

Ne se contentant pas de décrire et d’expliquer ce que nous pourrions constater par nous-mêmes, les auteurs de ce remarquable ouvrage nous font part de leurs prédictions concernant l’évolution de ce monde connecté. Ils se positionnent sur le devenir de la montre connectée, des vêtements connectés, de la réalité augmentée et virtuelle, du développement des smart cities, de la voiture connectée, des bots ou encore de la disparition annoncée des serrures. C’est un voyage qu’il vaut la peine de partager avec eux et durant lequel j’ai souvent reconnu la griffe de X. COMTESSE qui n’est pas à son premier coup d’essai dans ce thème qu’il maitrise à la perfection.

Bref, vous l’aurez compris, l’innovateur suisse romand que vous êtes se doit d’habiller sa bibliothèque de ce bel ouvrage!

MAKERS, LA NOUVELLE RÉVOLUTION INDUSTRIELLE, par CH. ANDERSON, aux éditions PEARSON ***

00153_thumb2_220x244Derrière le mouvement Makers se cache la seconde vague de la révolution digitale qui s’approche de nous à grande vitesse, en charriant les bouleversements du monde de l’informatique vers celui du monde des biens matériels.

Ce transbordement des pratiques du bit vers celui de l’atome aura un impact colossal sur notre société, puisque l’économie tangible est cinq fois plus grande que celle de l’intangible.

Ce phénomène est rendu possible par la combinaison de deux éléments. Le premier est la capacité de représenter des objets par des fichiers informatiques contenant toutes les caractéristiques intrinsèques de l’objet, alors que le second est relatif à l’accessibilité des machines de fabrication additive qui permettent à tout un chacun de confectionner un objet à partir d’un fichier informatique.

Chris Anderson, auteur de cet ouvrage captivant et rédacteur en chef du fameux magazine Wired, prédit que « […] fabriquer des objets, chez soi comme à son bureau, va rapidement devenir aussi courant que de retoucher des photos… ». Il relève que l’impression 3D est actuellement au stade de l’imprimante matricielle des années 80 et que son évolution sera tout aussi fulgurante, avec une qualité d’impression comparable à ce que nos imprimantes papier sont actuellement capables de faire. D’ailleurs, les grands groupes internationaux s’y préparent en attendant patiemment la démocratisation de ce moyen de production avant de pouvoir inonder le marché de leurs équipements à bas prix, répliquant le modèle d’affaires des imprimantes laser et à jet d’encre actuelles.

Mais pourquoi parler des Makers dans cette évolution sociétale? Et bien parce que ces pionniers – passionnés de nouvelles technologies – contribuent fortement à l’accélération de cette transition numérique en investissant une grande partie de leur temps libre pour découvrir, tester et mettre au point de nouvelles technologies et pratiques. Les Makers d’aujourd’hui sont, en fait, les héritiers des inventeurs et des bricoleurs d’hier, disposant toutefois d’un terrain de jeux élargi grâce aux capacités collaboratives de l’Internet et grâce à l’accès facilité aux hautes technologies de fabrication numérique qui sont maintenant devenues accessibles à tous.

Par cette évolution technologique, la capacité de produire des biens pourra revenir en partie dans les mains des particuliers et ne restera pas uniquement dans celles des grandes familles d’industriels. C’est ainsi que les barrières de production et de commercialisation des biens physiques diminueront pour ouvrir le marché à de plus en plus d’acteurs. Mais attention, il ne faut pas croire que la fabrication de masse va disparaître! En plus d’être totalement irréaliste, cela serait préjudiciable puisque la production de masse a pour effet d’abaisser le prix des biens communs et de les rendre accessibles au plus grand nombre. Sans compter que la production de masse apporte une amélioration continue de la qualité des produits et de la chaine d’approvisionnement, en limitant les défauts et les rebus.

Néanmoins, produire soi-même ses biens permet de les rendre uniques et adaptés nos besoins personnels. Notre implication dans la fabrication de nos objets contribue même à nous rendre davantage soigneux et respectueux, nous incitant à les garder plus longtemps, développant ainsi une attitude écoresponsable digne de notre époque.

Demain, nous fabriquerons donc nous-même ce que l’on ne pourra pas trouver au super marché, mais continuerons de nous y rendre pour y acheter les produits communs.

Dans ce livre, Chris Anderson ne se contente pas de décrire les principes théoriques du mouvement Makers et de la révolution industrielle qui nous traverse. Il nous donne également des exemples concrets de création de nouveaux modèles d’affaires et nous explique de manière détaillée quels outils technologiques supportent cette évolution. L’auteur défend aussi les vertus de l’open source qui fait partie intégrante de l’esprit Makers et qui consiste à donner librement son savoir dans l’espoir d’en obtenir davantage en retour. Avec l’open source, on peut certes se faire copier plus vite – puisque tout ce que nous faisons est publié – mais en contre partie on peut innover beaucoup plus rapidement puisque nous recevons de l’aide gratuite et pertinente de la part d’un très grand nombre de personnes dévouées et compétentes. L’élément commercial différenciateur étant le service et la communauté d’utilisateurs que l’on pourra créer autour du produit que l’on propose.

Voilà, c’est maintenant à votre tour de vous lancer dans cette lecture passionnante qui vous ouvrira l’esprit sur les possibilités de la révolution technologique et numérique dans laquelle notre société s’est engagée. Prenons notre avenir en main et devenons tous des Makers!

 

LA RÉVOLUTION INDUSTRIELLE, 1770-1880, par J.-P. RIOUX, aux éditions du Seuil ***

124324_couverture_hres_0Il semble que les informaticiens et autres consultants en tout genre soient subitement devenus des experts de la révolution industrielle, portés le buzz de l’Industrie 4.0. Aucun mal à cela, à condition qu’ils connaissent leur sujet et qu’ils évitent de répéter bêtement des banalités souvent inexactes!

C’est pour cette raison que je vous propose de lire ce livre d’histoire passionnant, écrit par un ancien directeur de recherche du CNRS, Jean-Pierre RIOUX. Dans un langage accessible à tous, l’auteur nous explique comment nos économies ont vécu cette profonde mutation de productivité à l’âge de la révolution industrielle, se libérant de la force physique puis en multipliant la production des biens et des services.

Dans ce voyage à une époque pas si ancienne que cela, nous nous ferons une idée des différents chemins empruntés par nos nations respectives. Le périple de l’âge moderne commence en Angleterre à la fin du XVIIIème siècle, à une période où l’Europe domine le monde par ses capitaux, ses hommes et ses techniques. Dans ce contexte, la révolution industrielle naissante est une révolution technique. Celle du charbon, de la vapeur et de la mécanique. C’est LA révolution industrielle qui donnera naissance aux trois suivantes. La seconde révolution industrielle est quant à elle associée à  l’invention de l’électricité, du pétrole et du moteur à explosion. La troisième est celle de l’informatique et de l’énergie nucléaire, alors que la quatrième est celle de l’interconnexion des systèmes cyberphysiques.

Mais attention, les historiens ne sont pas des marqueteurs! Consciencieux et soucieux du détails, ils discutent encore de la pertinence d’identifier une seconde, une troisième ou encore une quatrième révolution industrielle, puisque chacune d’elles se trouve être une continuité de la première. Notre écosystème devenant tellement complexe et interconnecté, il est effectivement très difficile de faire abstraction de tous les paramètres influençant cette révolution continue, que ce soit au travers de l’évolution des facteurs économiques, des progrès de l’agriculture, de l’évolution de la démographie, de l’amélioration de la santé, du changement des systèmes politiques ou encore de l’éruption des catastrophes. Il ne faudra donc pas se limiter à une vision linéaire de la révolution industrielle, mais bel et bien à une imbrication complexe de facteurs multiples et interactifs.

Pour ceux qui aiment comprendre et comparer la compétitivité de nos nations respectives, ce livre nous offre également un regard original sur la gestion des changements et sur l’adoption des nouvelles technologies par de nombreux pays comme l’Angleterre, la France, l’Allemagne, les Etats-Unis, la Suisse et la Belgique. Ceci permettra à chacun de nous de s’identifier dans son contexte historique.

Au fil des pages et des chapitres, on comprendra qui ont été les principaux catalyseurs de cette révolution, avec le rôle clé de l’agriculture, de l’industrie du textile, de la sidérurgie, de la disponibilité des capitaux, de l’influence culturelle, des règles commerciales ou encore des politiques de taxation des biens et du travail. Vous allez ainsi plonger dans cette époque bouillonnante de la première révolution industrielle, fixant votre regard dans les ateliers textiles anglais, dans les sidérurgies allemandes, dans les mines belges, sur les voies de chemin de fer américaines ou encore dans les fermes agricoles françaises.

Et contrairement à ce qui a été écrit par de nombreuses personnes issues du monde technologique, ce livre démontre que ce n’est pas la révolution industrielle qui est à l’origine de la croissance démographique, mais plutôt la baisse du taux de mortalité et le manque de main d’œuvre disponible pour produire des biens en masse. La révolution industrielle est donc une réponse à une forte demande de croissance démographique. Mais naturellement, une fois le cycle initié, la technologie a fini par porter et favoriser cette croissance accélérée.

Je terminerai ce compte rendu par une pensée reconnaissante pour l’ouvrier qui a largement contribué à l’industrialisation de nos sociétés, en fournissant un travail acharné dans des conditions difficiles et ingrates. Il a été à la fois une pièce maitresse du progrès et son serviteur inconsidéré. C’est la victime de la loi naturelle du capitalisme en expansion. Néanmoins, par son action, il a offert une vie meilleure à ses enfants qui récoltent aujourd’hui une bonne partie des fruits qu’il a semé. Merci!

LE DEUXIÈME ÂGE DE LA MACHINE, TRAVAIL ET PROSPÉRITÉ À L’HEURE DE LA RÉVOLUTION TECHNOLOGIQUE, par E. BRYNJOLFSSON et A. McAFEE, aux éditions ODILE JACOB ****

978273813306951-dhsew-ql__sy344_bo1204203200_Si vous ne deviez lire qu’un seul livre concernant la quatrième révolution industrielle, alors c’est sans aucune doute celui-ci qu’il vous faudra acquérir, que ce soit dans sa version originale anglaise ou dans sa traduction française.

Andrew McAFEE, l’un des deux co-auteurs de ce livre, dirige le département de recherche du Center for Digital Business du MIT. C’est l’un des plus grands connaisseur et visionnaire des nouvelles technologies, déjà précurseur du concept de l’entreprise 2.0.

Et comme les grands esprits ont toujours une guerre d’avance, il ne s’est pas contenté d’écrire un livre technologique sur l’Industrie 4.0. Il s’est positionné au-dessus de la mêlée en faisant référence au deuxième âge de la machine, c’est-à-dire à la dominance confirmée de l’ordinateur sur la machine mécanique. Car, comme il le démontre, la révolution numérique que nous vivons actuellement est une simple continuité de la première révolution industrielle du 18ème siècle. Le dénominateur commun étant l’énergie. C’est bien elle qui nous permet de vivre plus longtemps, de se déplacer plus rapidement, de favoriser les échanges commerciaux, d’avoir du temps pour innover et pour échanger de l’information. Et l’information c’est de l’énergie, celle que nous dépensons pour la créer et celle nécessaire à l’alimentation électrique des data centers qui permettent le transit et l’interprétation des données.

Cet apport d’énergie colossal a fait entrer notre humanité dans l’ère de l’exponentiel. Tout ce qui a été inventé auparavant est subitement devenu insignifiant au regard des avancées actuelles. Savez vous que sur les 3500 milliards de photos prises entre 1838 (date du premier cliché) et 2013, 10% l’on été en 2012 ? Effectivement, tout s’accélère et les innovations se succèdent à un rythme exponentiel.

C’est pour nous offrir une vision à 360° de cette transformation sociétale qu’Andrew McAFEE s’est associé à l’économiste Eric BRYNJOLFSSON, en intégrant la composante économique au cœur de cette problématique. Et c’est cet assemblage réussi qui confère à ce livre une valeur tout-à-fait singulière. Car les avancées technologiques actuelles ont un impact direct sur notre économie et sur nos futurs postes de travail. Nous constatons déjà que l’utopie d’hier de la gratuité des services a été comblée. Le coût de l’atome a été supplanté par la gratuité du bit. Inutile de décrire l’impact de ce changement de paradigme sur les modèles d’affaires de nos entreprises. Et si vous ne voyez pas à quoi je fais référence, alors allez interroger un chauffeur de taxi. Il pourra facilement vous expliquer les enjeux de l’ubérisation de notre société.

Une des contrepartie de cette course vers le progrès technologique et numérique est qu’un petit nombre de personnes peut créer à lui seul une énorme quantité de valeur avec très peu de ressources humaines. Si cela fait rêver certains entrepreneurs, il faut tout-de-même se poser la question de la répartition de la richesse qui a tendance à se (re)creuser entre les classe sociales, malgré le fait que le PIB n’ait jamais été aussi haut. Nos deux auteurs visionnaires nous proposent d’ailleurs quelques pistes de réflexion que nos politiciens devraient étudier avec intérêt.

Bien, il est temps pour vous de commander ce livre afin de préparer votre entrée dans le monde digital. Le voyage sera rapide et palpitant. Au gré des chapitres, vous visualiserez sans peine notre futur envahi par des voitures électriques autonomes, par des services à intelligente articifielle, par des systèmes de traduction de la voix en temps réel, par des médecins virtuels, par des ateliers de production équipés de robots collaboratifs,…

Et terminons par une phrase qui résume parfaitement cette transformation : « L’idée à plus de valeur que les choses, l’esprit l’emporte sur la matière, les bits sur les atomes, les interactions sur les transactions. »